Etienne Tshisekedi, leader historique de l’opposition, bénéficiera des funérailles officielles, selon un compromis finalement trouvé entre sa famille et le gouvernement, après plusieurs jours de bras de fer, pour le rapatriement au pays de sa dépouille mortelle. Ceci, loin de Moïse Tshombé et du Maréchal Mobutu Sese Seko dont les âmes reposent au fond des sépultures d’exil.
En RDC, le pire est à craindre. Un éventuel basculement dans le chaos d’un pays en pleines convulsions politiques n’est pas écarté. Les mises en garde de la communauté internationale, les dialogues sous l’égide du facilitateur de l’Union africaine, le Togolais Edem Kodjo, puis après celle de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) ne semblent pas ébranler Joseph Kabila, le fils de Laurent Désiré, tombeur de Mobutu Sese Seko qui a dirigé pendant 32 ans l’ex-Zaïre d’une main de fer. Pendant que Kofi Annan ancien Secrétaire général de l’ONU, Thabo Mbeki de l’Afrique du Sud, Boni Yayi du Bénin, John Kufuor du Ghana, Olusegun Obasanjo du Nigeria, Benjamin Mkapa de la Tanzanie, John Mahama du Ghana, Pedro Pires du Cap-Vert, Cassam Uteem des Iles Maurice et Festus Mogae du Botswana venaient d’interpeller l’homme fort du palais de la Nation, des tueries dans le Kasaï font près de 3.400 morts, selon l’Église catholique. Dans la foulée, le pays, lui, joue son épilogue du tiraillement autour de la dépouille d’un ancien mythique opposant : Etienne Tshisekedi.
Belgique
Dans une chambre froide à Bruxelles, alors que Kinshasa s’offre des querelles et des danses macabres autour de la sépulture, la dépouille mortelle d’Etienne Tshisekedi attend d’être rapatriée en RD Congo pour des obsèques dignes de son rang. Décédé, à 84 ans, le 1er février 2017 après 32 années de lutte, lui ne sera pas inhumé à l’étranger comme le sécessionniste, ancien Premier ministre Moïse Tshombé et le dinosaure de l’ex-Zaïre Mobutu à qui il a eu l’audace de dire non au début de 1980 pour créer 2 ans plus tard son parti avec 12 autres parlementaires dissidents : l’UDPS (l'Union pour la Démocratie et le Progrès), symbole de la fin des 15 années du parti unique.
Les négociations tragi-comiques autour des funérailles trébuchent et compliquent le rapatriement de la dépouille mortelle du patriarche qui était annoncé le 11 mars dernier a été reporté. Construit à sa mémoire, le mausolée du cimetière de la Gombe à Kinshasa ne sera pas la dernière demeure où va reposer le « Sphinx de Limete » après un baroud d’honneur à la tête du Rassemblement de l’opposition. Sur le refus du gouvernement (une loi de 1914 interdisant l'enterrement à moins de 50 mètres d'une habitation), il ne sera non plus enterré au siège du parti UDPS. Selon un accord trouvé entre les familles politique et biologique du défunt et le gouvernement, Etienne Tshisekedi, qui attend bénéficier des funérailles officielles, sera finalement inhumé dans sa concession privée à Nsele, à l'est de Kinshasa, après l’exposition de sa dépouille au Palais du peuple.
Dans une chambre froide à Bruxelles, alors que Kinshasa s’offre des querelles et des danses macabres autour de la sépulture, la dépouille mortelle d’Etienne Tshisekedi attend d’être rapatriée en RD Congo pour des obsèques dignes de son rang. Décédé, à 84 ans, le 1er février 2017 après 32 années de lutte, lui ne sera pas inhumé à l’étranger comme le sécessionniste, ancien Premier ministre Moïse Tshombé et le dinosaure de l’ex-Zaïre Mobutu à qui il a eu l’audace de dire non au début de 1980 pour créer 2 ans plus tard son parti avec 12 autres parlementaires dissidents : l’UDPS (l'Union pour la Démocratie et le Progrès), symbole de la fin des 15 années du parti unique.
Les négociations tragi-comiques autour des funérailles trébuchent et compliquent le rapatriement de la dépouille mortelle du patriarche qui était annoncé le 11 mars dernier a été reporté. Construit à sa mémoire, le mausolée du cimetière de la Gombe à Kinshasa ne sera pas la dernière demeure où va reposer le « Sphinx de Limete » après un baroud d’honneur à la tête du Rassemblement de l’opposition. Sur le refus du gouvernement (une loi de 1914 interdisant l'enterrement à moins de 50 mètres d'une habitation), il ne sera non plus enterré au siège du parti UDPS. Selon un accord trouvé entre les familles politique et biologique du défunt et le gouvernement, Etienne Tshisekedi, qui attend bénéficier des funérailles officielles, sera finalement inhumé dans sa concession privée à Nsele, à l'est de Kinshasa, après l’exposition de sa dépouille au Palais du peuple.
Algérie
Dans un pays en pleine tourmente à l’indépendance de la Belgique en 1960, Moïse Tshombé organise son front. Hanté par l’échec de la sécession de Katanga, une province minière la plus riche de la RDC, c’est sous ses yeux que se déroule, le 17 janvier 1961, l’exécution de Patrice Emery Lumumba. A la débâcle de son armée au début de 1963, le leader sécessionniste prend le chemin de l’exil et se réfugie en Espagne. Rappelé au pays pour former un gouvernement de coalition, son retour n’a que de courte durée. Une année après, révoqué de ses fonctions par le président Kasavubu, il reprend l’exil. Mais en 1965, le général Joseph-Désiré Mobutu s’empare du pouvoir. Le 30 juin 1967, attiré dans un piège par Francis Bodenan, un agent secret français, l’instigateur de la sécession, accusé de haute trahison par le roi de l’ex-Zaïre, mourut dans sa cellule en Algérie le 29 juin 1969. Son corps repose au fond d’une sépulture à Bruxelles en Belgique.
Dans un pays en pleine tourmente à l’indépendance de la Belgique en 1960, Moïse Tshombé organise son front. Hanté par l’échec de la sécession de Katanga, une province minière la plus riche de la RDC, c’est sous ses yeux que se déroule, le 17 janvier 1961, l’exécution de Patrice Emery Lumumba. A la débâcle de son armée au début de 1963, le leader sécessionniste prend le chemin de l’exil et se réfugie en Espagne. Rappelé au pays pour former un gouvernement de coalition, son retour n’a que de courte durée. Une année après, révoqué de ses fonctions par le président Kasavubu, il reprend l’exil. Mais en 1965, le général Joseph-Désiré Mobutu s’empare du pouvoir. Le 30 juin 1967, attiré dans un piège par Francis Bodenan, un agent secret français, l’instigateur de la sécession, accusé de haute trahison par le roi de l’ex-Zaïre, mourut dans sa cellule en Algérie le 29 juin 1969. Son corps repose au fond d’une sépulture à Bruxelles en Belgique.
Reculade
48 ans après la mort de Tshombé, 20 ans après celle de Mobutu, leurs dépouilles attendent à l’étranger. En octobre 2013, le Chef de l’Etat Joseph Kabila avait rassuré de prendre des dispositions « afin de procéder au rapatriement de la dépouille mortelle de l'ancien président Mobutu Sese Seko et de l'ancien Premier ministre, Moïse Tshombe, ceci en accord avec leurs familles respectives ». Mais ce n’étaient que des promesses de Gascon qui ne seront pas tenues. L'ancien vice-président Jean-Pierre Bemba, lui aussi, l’avait promis avant de reculer. Peut-être, les Congolais ne sont pas encore prêts pour le rapatriement de ces corps. Leurs «rôles controversés » joués dans l’histoire politique de ce pays restent frais dans les mémoires.
Celui qui a dirigé l’ex-Zaïre de 1965 à 1997 fut vilipendé pour sa mégalomanie. Pendant trois décennies, il a entretenu un véritable chaos sécuritaire, versé dans la corruption et le pillage systématique des richesses nationales, asphyxié l’économie, créé la police politique, organisé des disparitions des opposants et viré le pays qu’il a saigné à blanc dans l’agonie. Depuis Kinshasa, il est tenu pour l’instigateur de la mort de Moïse Tshombé à Alger. Ce dernier, lui, est impliqué dans le tragique assassinat de Patrice Lumumba avec le soutien de la Belgique.
Tout compte fait, le cas Tshisekedi relance le débat sur le rapatriement des restes de ces dépouilles enterrées à l’étranger. Alors que la question hante les Kinois, en attendant d’honorer la mémoire de ses « grands morts », le Congo-Kinshasa, un pays fragilisé et en proie d’une spirale de violences sur fonds des massacres des populations, doit ouvrir « des perspectives pour construire et bâtir l’avenir » : l’unité nationale et la démocratie. Et c’est là, le principal enjeu pour un pays qui n’a connu aucune transition démocratique depuis 1960.
Pierre-Claver KUVO
Paru dans le Diasporas-News n°87 de Juillet-Août 2017
48 ans après la mort de Tshombé, 20 ans après celle de Mobutu, leurs dépouilles attendent à l’étranger. En octobre 2013, le Chef de l’Etat Joseph Kabila avait rassuré de prendre des dispositions « afin de procéder au rapatriement de la dépouille mortelle de l'ancien président Mobutu Sese Seko et de l'ancien Premier ministre, Moïse Tshombe, ceci en accord avec leurs familles respectives ». Mais ce n’étaient que des promesses de Gascon qui ne seront pas tenues. L'ancien vice-président Jean-Pierre Bemba, lui aussi, l’avait promis avant de reculer. Peut-être, les Congolais ne sont pas encore prêts pour le rapatriement de ces corps. Leurs «rôles controversés » joués dans l’histoire politique de ce pays restent frais dans les mémoires.
Celui qui a dirigé l’ex-Zaïre de 1965 à 1997 fut vilipendé pour sa mégalomanie. Pendant trois décennies, il a entretenu un véritable chaos sécuritaire, versé dans la corruption et le pillage systématique des richesses nationales, asphyxié l’économie, créé la police politique, organisé des disparitions des opposants et viré le pays qu’il a saigné à blanc dans l’agonie. Depuis Kinshasa, il est tenu pour l’instigateur de la mort de Moïse Tshombé à Alger. Ce dernier, lui, est impliqué dans le tragique assassinat de Patrice Lumumba avec le soutien de la Belgique.
Tout compte fait, le cas Tshisekedi relance le débat sur le rapatriement des restes de ces dépouilles enterrées à l’étranger. Alors que la question hante les Kinois, en attendant d’honorer la mémoire de ses « grands morts », le Congo-Kinshasa, un pays fragilisé et en proie d’une spirale de violences sur fonds des massacres des populations, doit ouvrir « des perspectives pour construire et bâtir l’avenir » : l’unité nationale et la démocratie. Et c’est là, le principal enjeu pour un pays qui n’a connu aucune transition démocratique depuis 1960.
Pierre-Claver KUVO
Paru dans le Diasporas-News n°87 de Juillet-Août 2017