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Entretien Banga Koko Marie-Jeanne (Ecrivaine) « Sauvons les 10è enfants chez les Akans »

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A 70 ans, celle qui se fait appeler affectueusement « Mamie Kôkô » et qui a fait un carton au récent Salon du livre à Paris, débarque dans le monde littéraire avec une œuvre majeure éditée par Plume Habile: « Ba Bourou ou le 10è enfant ». Franco-ivoirienne et résidente à Grenoble, elle partage sa joie de vivre et sa (nouvelle) passion pour le livre.
Entretien Banga Koko Marie-Jeanne (Ecrivaine) « Sauvons les 10è enfants chez les Akans »
Diasporas-News : Qui est Mamie Kôkô ?
Mamie  Koko : Je suis Marie-Jeanne Kôkô Banga à l’état civil, née le 13 janvier 1947 à Aboisso (Côte d’Ivoire). Kôkô est mon prénom Agni. Les jeunes slameurs d’Abidjan dont Placide Konan, ils m’appellent « Mamie », vu mon âge. Pour mon nom d’auteure, j’ai pensé à « Mamie Kôkô ». Je suis devenue écrivaine par la force des choses. 


D-N : Que voulez-vous dire ?
M.K : Je suis à la retraite depuis 2002 en Côte d’Ivoire et depuis 2007 en France. Je suis membre de la Jeune chambre économique en Côte d’Ivoire. J’ai un CV rempli. J’ai encore tous mes sens et j’ai encore de l’énergie. J’ai donc voulu me lancer dans la littérature. Et je pense avoir trouvé mon chemin. 


D-N : Que raconte votre premier ouvrage ?
M.K : C’est une histoire vraie. Le roman qui est en vente depuis le 7 décembre 2016 (Librairie Carrefour à Abidjan, à la FNAC ou dans les librairies du Square de l’Université de Grenoble ou encore chez Arthaud) évoque le 10è enfant chez les Agni. Certaines familles continuent de tuer le 10è enfant ou le font adopter. Heureusement que plusieurs personnes se battent pour que cette coutume disparaisse. Pour revenir au livre, la venue du 10è enfant est considérée comme un malheur pour la société dans laquelle l’enfant naîtra. Pis, sa venue décimerait la famille. Vérifié ou pas, je ne sais pas. J’ai fait des recherches. Cette coutume est aussi pratiquée par plusieurs ethnies au Togo ou au Cameroun. Bref, j’ai voulu briser ce tabou. En Afrique, on ne respecte pas le planning familial. Les femmes étant fécondes, le 10è enfant est tué pour permettre à la femme de faire son onzième enfant. Une histoire vraiment africaine…


D-N : Ça date de quand votre passion pour le livre ?
M.K : Tout a commencé à Grenoble et même avant. Je suis d’ethnie Agni donc Akan. J’ai remarqué que quand j’étais gamine, dans ma propre famille, on cachait ou même on faisait disparaître le dixième enfant. Cela m’intriguait. Comme je suis curieuse, j’ai voulu percer le mystère. Psychologiquement, je n’acceptais pas ce destin fait aux dixièmes enfants. Au village, j’ai une parente qui a fait beaucoup d’enfants et qui attendait son 10è enfant. Malheureusement elle a été tuée, donc victime de la tradition. C’est une coutume ancestrale. 


D-N : Récemment, vous avez vidé votre stock à l’occasion du Salon du livre à Paris. Comment ce livre vendu à 10 Euros l’unité, est-il accueilli ?
M.K : Super ! Je suis bénévole dans une équipe à Seyssinet (mon quartier à Grenoble). Une amie Françoise m’a confiée avoir aimé l’histoire. C’est une vraie histoire. Beaucoup de personnes apprécient en tout cas ce livre. Cela me donne envie de continuer. D’ailleurs l’histoire continue. Amandine, le personnage principal dans le livre, a été sauvée. Elle est la 10è de sa famille et vit toujours. Amandine donc défend désormais la cause des 10è enfants dans les familles Agni. A ceux qui disent que ces enfants sont maudits, je dis non. Mon second livre sera donc la suite logique. On parlera des personnes qui tuent les 10è enfants. L’objectif est de mettre fin à cette coutume. 


D-N : Est-ce que le livre nourrit son homme ?
M.K : Non. Pour que le livre me nourrisse, il faudrait que j’écrive beaucoup. Disons que je sème pour le moment. Pour la moisson, on en reparlera (rires).


Réalisé à Grenoble par Guy-Florentin Yameogo 
Paru dans le Diasporas-News n°85 de Mai 2017


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