En route pour un troisième mandat ? Sur la question, le Guinéen Alpha Condé entretient le flou. Depuis le début de l'année, le débat s'intensifie. Les partis politiques lancent un front contre un éventuel troisième mandat de celui qui assure actuellement la présidence tournante de l’Union Africaine. Ils promettent d’user de tous les moyens pour éviter à ce pays cette « situation cauchemardesque ».
Accédé à la magistrature suprême de son pays le 7 novembre 2010 à la faveur d’une élection généreuse aux contours très flous, après plusieurs années de combat, le chef d’Etat guinéen Alpha Condé est reconduit à la tête du pays en octobre 2015 à l’issue d’un scrutin très critiqué. Alors qu’il s’est donné dix ans pour mettre le Guinée sur les bons rails, plusieurs de ses partisans lui demandent de modifier la Constitution pour se faire représenter pour une troisième fois. Et pourtant sa gestion calamiteuse du pouvoir n’a pas permis à son pays affaibli par de profondes crises politiques de relancer véritablement sa croissance économique. Qu’à cela ne tienne, il était attendu de cet ancien opposant de longue date une gestion moderne du pays avec la mise en place des institutions solides et viables. Mais au contraire, il s’est plutôt lancé dans des dérives dictatoriales. Converti aux viles méthodes des dictateurs et autres satrapes sous les tropiques, dans l’ombre de ses partisans, tout porte à croire qu’il veut garder le pouvoir. Il refuse d’appliquer l’accord du 12 octobre 2016 signé avec l’opposition et de promulguer le code électoral. En ce qui concerne les échéances électorales dont les communales de cette année, Alpha Condé refuse de se conformer à la constitution. Et pourtant…
A Conakry, 2020 s’annonce sur fond d’agitation et de suspicion. La polémique autour du troisième mandat du chef de l’Etat guinéen Alpha Condé enfle et agite l’opinion. Même si l’Ivoirien Alassane Dramane Ouattara et le Nigérien Mahamadou Issoufou, en fin de mandat, ont clairement annoncé qu’ils ne se représenteront pas pour un nouveau bail à la tête de leurs pays, leur homologue de Conakry est tenté. Ces sorties médiatiques laissent toujours penser que l’homme nourrit une ambition à peine voilée de briguer un troisième (3ème) mandat. Pour cela il lui faut tripatouiller la Constitution qui limite le mandat présidentiel à deux. Ces proches avaient donné le ton. Le Directeur général de la police, Bangaly Kourouma et Nantou Chérif Konaté, Coordinatrice nationale du RPG, (Rassemblement du peuple de Guinée) le parti présidentiel, se sont exprimés en faveur d'une nouvelle candidature présidentielle pour leur mentor pour qui « Ce sera aux Guinéens de décider ». Sous les tropiques, c’est comme ça que ça commence. On envoie ses pions prendre la température du terrain et préparer l’opinion au coup de force qui se prépare dans l’ombre. Et dire après que c’est la volonté du peuple ; comme quoi la voix du peuple c’est la voix de Dieu. On a appris la leçon avec le feu Général Etienne Eyadema du Togo, Paul Biya au Cameroun, Dénis Sassou N’Guesso du Congo-Brazzaville, le Tchadien Idriss Déby Itno, entre autres.
En tout cas, à Paris ou ailleurs en Afrique, les journalistes ne ratent de l’acculer.
Mais très souvent embarrassé, l’homme préfère laisser son « inconscient » parler en lui. « C’est un débat qui ne m’intéresse pas. Je me suis engagé devant le peuple de Guinée sur un programme et je me demande pourquoi vous ne posez jamais la question aux Asiatiques ou aux Européens et pourquoi c’est aux Africains que vous posez la question. Je ne vous ai jamais entendu demander à Singapour, à la Corée du Sud ou à la Malaisie de limiter les mandats. Alors qu’on respecte un peu l’Afrique dans ce domaine. Nous allons imposer qu’on nous respecte et n'allons pas accepter qu'on nous dicte ce que nous devons faire. Pour le moment, Marx disait que l’humanité ne résout que les problèmes qui se posent à elle. Le problème qui se pose à moi aujourd’hui c’est le développement de la Guinée, l’emploi des jeunes, l'autonomisation des femmes et le développement du pays», ainsi répondait-il aux confrères de Rfi, lors de sa récente visite à l’Elysée.
Dans ses tentatives, s’il s’en tient à son projet dont il est soupçonné, il pourra aussi opter pour la voie référendaire pour faire passer ses prétentions de révision constitutionnelle et compter gagner dans les urnes ; surtout que l’homme est habitué à l’organisation de bazar électoral sur fonds de mascarades. Une éventuelle tentative du président de se représenter, peut-être, c’est pour couper court a de supposée bataille de succession qui risque d’effondrer son parti.
Dans le pays, l’opposition se mobilise. Elle s’est constituée en un front contre une éventuelle nouvelle candidature d'Alpha Condé en 2020 lui demandant « de se prononcer, de réitérer son engagement de se conformer à la Constitution et de ne pas vouloir la tripatouiller », a martelé le chef de file de l’opposition, Cellou Dalein Diallo. « Si vraiment son intention est de modifier la Constitution, c’est d’organiser, à ce moment-là, la lutte pour refuser le tripatouillage de la Constitution », a ajouté le président de l’Ufdg (Union des forces démocratiques de Guinée).
Un éventuel troisième mandat d’Alpha Condé risque de mettre la Guinée sur le fil du rasoir et le pousser au bord d’une crise politique majeure aux conséquences incalculables. Cet ancien opposant, un prétendu intellectuel qui devrait a priori servir de modèle pour les générations suivantes a déçu. Mais s’il venait à marquer son coup, il serait étonnant de le voir insuffler de nouvelle dynamique à l’organisation continentale qu’il préside. On a vu Abdoulaye Wade, l’ancien président sénégalais, après deux mandats tenté de modifier la Constitution pour s’éterniser au pouvoir, à défaut de matérialiser une succession de père en fils. La jeunesse de ce pays s’était mobilisée pour lui barrer la route. Aujourd’hui c’est un autre opposant de carrière, intellectuel devenu président qui se signale par les mêmes pratiques abjects quitte à plonger son pays dans le chaos.
Pierre-Claver KUVO
Paru dans le Diasporas-News n°85 de Mai 2017
A Conakry, 2020 s’annonce sur fond d’agitation et de suspicion. La polémique autour du troisième mandat du chef de l’Etat guinéen Alpha Condé enfle et agite l’opinion. Même si l’Ivoirien Alassane Dramane Ouattara et le Nigérien Mahamadou Issoufou, en fin de mandat, ont clairement annoncé qu’ils ne se représenteront pas pour un nouveau bail à la tête de leurs pays, leur homologue de Conakry est tenté. Ces sorties médiatiques laissent toujours penser que l’homme nourrit une ambition à peine voilée de briguer un troisième (3ème) mandat. Pour cela il lui faut tripatouiller la Constitution qui limite le mandat présidentiel à deux. Ces proches avaient donné le ton. Le Directeur général de la police, Bangaly Kourouma et Nantou Chérif Konaté, Coordinatrice nationale du RPG, (Rassemblement du peuple de Guinée) le parti présidentiel, se sont exprimés en faveur d'une nouvelle candidature présidentielle pour leur mentor pour qui « Ce sera aux Guinéens de décider ». Sous les tropiques, c’est comme ça que ça commence. On envoie ses pions prendre la température du terrain et préparer l’opinion au coup de force qui se prépare dans l’ombre. Et dire après que c’est la volonté du peuple ; comme quoi la voix du peuple c’est la voix de Dieu. On a appris la leçon avec le feu Général Etienne Eyadema du Togo, Paul Biya au Cameroun, Dénis Sassou N’Guesso du Congo-Brazzaville, le Tchadien Idriss Déby Itno, entre autres.
En tout cas, à Paris ou ailleurs en Afrique, les journalistes ne ratent de l’acculer.
Mais très souvent embarrassé, l’homme préfère laisser son « inconscient » parler en lui. « C’est un débat qui ne m’intéresse pas. Je me suis engagé devant le peuple de Guinée sur un programme et je me demande pourquoi vous ne posez jamais la question aux Asiatiques ou aux Européens et pourquoi c’est aux Africains que vous posez la question. Je ne vous ai jamais entendu demander à Singapour, à la Corée du Sud ou à la Malaisie de limiter les mandats. Alors qu’on respecte un peu l’Afrique dans ce domaine. Nous allons imposer qu’on nous respecte et n'allons pas accepter qu'on nous dicte ce que nous devons faire. Pour le moment, Marx disait que l’humanité ne résout que les problèmes qui se posent à elle. Le problème qui se pose à moi aujourd’hui c’est le développement de la Guinée, l’emploi des jeunes, l'autonomisation des femmes et le développement du pays», ainsi répondait-il aux confrères de Rfi, lors de sa récente visite à l’Elysée.
Dans ses tentatives, s’il s’en tient à son projet dont il est soupçonné, il pourra aussi opter pour la voie référendaire pour faire passer ses prétentions de révision constitutionnelle et compter gagner dans les urnes ; surtout que l’homme est habitué à l’organisation de bazar électoral sur fonds de mascarades. Une éventuelle tentative du président de se représenter, peut-être, c’est pour couper court a de supposée bataille de succession qui risque d’effondrer son parti.
Dans le pays, l’opposition se mobilise. Elle s’est constituée en un front contre une éventuelle nouvelle candidature d'Alpha Condé en 2020 lui demandant « de se prononcer, de réitérer son engagement de se conformer à la Constitution et de ne pas vouloir la tripatouiller », a martelé le chef de file de l’opposition, Cellou Dalein Diallo. « Si vraiment son intention est de modifier la Constitution, c’est d’organiser, à ce moment-là, la lutte pour refuser le tripatouillage de la Constitution », a ajouté le président de l’Ufdg (Union des forces démocratiques de Guinée).
Un éventuel troisième mandat d’Alpha Condé risque de mettre la Guinée sur le fil du rasoir et le pousser au bord d’une crise politique majeure aux conséquences incalculables. Cet ancien opposant, un prétendu intellectuel qui devrait a priori servir de modèle pour les générations suivantes a déçu. Mais s’il venait à marquer son coup, il serait étonnant de le voir insuffler de nouvelle dynamique à l’organisation continentale qu’il préside. On a vu Abdoulaye Wade, l’ancien président sénégalais, après deux mandats tenté de modifier la Constitution pour s’éterniser au pouvoir, à défaut de matérialiser une succession de père en fils. La jeunesse de ce pays s’était mobilisée pour lui barrer la route. Aujourd’hui c’est un autre opposant de carrière, intellectuel devenu président qui se signale par les mêmes pratiques abjects quitte à plonger son pays dans le chaos.
Pierre-Claver KUVO
Paru dans le Diasporas-News n°85 de Mai 2017