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Economie: Interdépendance économique entre le Nigeria et le Bénin : Le géant réveillé, le parasite se meurt

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Le réveil économique du Nigeria plonge le Bénin, fortement dépendante du Naira, dans une crise conjoncturelle économique et financière que les gouvernants tentent de maîtriser.
Economie: Interdépendance économique entre le Nigeria et le Bénin : Le géant réveillé, le parasite se meurt
La douane béninoise interdit toute importation de marchandises d’origines étrangères par voies terrestres. Exception est faite aux produits communautaires, munis de documents attestant leurs origines. Officiellement, cette décision, qui entre en vigueur le 17 octobre 2016, vise la lutte contre les évasions fiscales et la maîtrise de la base imposable.
À l’analyse de la note circulaire, à l’attention des importateurs et autres acteurs du commerce international, il est aisé de déduire que les recettes de la douane sont en chute. Cette circulaire, sans le vouloir, a trahi un secret. La douane a des difficultés pour atteindre le quota de recettes fixé dans le budget général de l’État 2016. La chute des recettes semble manifestement liée aux réformes économiques opérées au Nigeria.
Parmi les réformes il y a la dépréciation de 45% de la valeur du Naira face au francs Cfa, utilisé par tous les voisins immédiats de la plus grande économique de l’Afrique, dont le Bénin. Le Naira devenu très faible a chuté le flux financier du Nigeria vers le Bénin. Acheter les biens au Bénin est subitement devenu très chère pour les Nigérians. Dès lors, tout ce qui n’est pas indispensable au Nigeria n’y sera plus vendu depuis le Bénin.
Dans le sens inverse, dans la situation actuelle, le Bénin devient un marché d’exportation depuis le Nigeria. Tout ce qui provient de ce pays est moins cher. La plupart de ces importations à partir du Nigeria se font par voie de terre. Une voie qui ne garantit pas la transparence dans l’accomplissement des formalités douanières. D’où la non-maîtrise de la base imposable favorable à l’évasion fiscale.
 
Retournement de situation !
Partageant près de 800 kilomètres de frontières, le Nigeria et le Bénin sont de grands partenaires commerciaux. 80 % des activités économiques des Béninois sont liées aux marchés nigérians. Les exportations au Nigeria de produits importés au Bénin représentent près de la moitié des ventes extérieures du Bénin et des recettes douanières.
Depuis l’autorisation de la dévaluation du Naira, la monnaie nigériane, courant juin 2016, les consommateurs, dans ce pays, évitent de s’approvisionner sur les marchés béninois, surtout les véhicules d’occasion, les produits surgelés et autres vivriers. Les commerces de la plus grande place de marché de l’Afrique de l’Ouest, Dantokpa, n’indiquent pas le contraire.
Le professeur John Igué, spécialiste des relations commerciales entre le Nigéria et le Bénin, Directeur scientifique du Laboratoire d’analyse régionale et d’expertise sociale (Lares), ne va pas démentir non plus. Une étude qu’il a conduite au profit du ministère du Commerce, de l’industrie et de l’artisanat indique que le commerce d’importation puis d’exportation vers le grand voisin a des jours sombres devant lui.
La chute des volumes des exportations vers le pays le plus peuplé d’Afrique continue de baisser. Les exportations de voitures d’occasion, de riz, de l’huile, et autres ne seront presque plus possible vers le Nigeria. Ce qui a pour conséquence la baisse des recettes au niveau de la douane.
 

Economie: Interdépendance économique entre le Nigeria et le Bénin : Le géant réveillé, le parasite se meurt
Le géant de l’Afrique enfin réveillé ! 
L’étude intitulée "Mission d’évaluation de la compétitivité des produits sur le marché nigérian » conduite par M. Igué montre qu’au-delà de la dévaluation du Naira, c’est tout une batterie de mesures de politiques économiques qui est actionnée en vue de devenir l’une des vingt premières puissances économique au monde. Dans cette perspective, Abuja a actionné la politique de sa révolution industrielle.
Quoique la remontée du cours du pétrole soit annoncée pour 2017 avec comme conséquence la remontée de l’économie du grand voisin du Bénin,  assortie avec la reprise normale de l’activité pétrolière, le Bénin ne sera pas sortie d’affaire. L’activité commerciale d’exportations de produits importés reste incompatible avec la politique industrielle du Nigeria "Nigeria Industrial Révolution Plan".
Le pays a engagé des investissements structurants dans le secteur agro-industriel afin de créer 3,5 millions d’emplois d’ici l’horizon 2020 et atteindre l’autosuffisance alimentaire. Mieux sont secteur automobile s’est doté d’un programme innovant de production locale de véhicules à coût accessible à la population de l’espace CEDEAO. Le Nigeria a décidé de construire enfin une économie !
Pour aboutir à ce résultat, le Nigeria ne sera pas complaisant face au comportement de rentier du Bénin. La menace est réelle sur la filière d’exportation de produits que le Nigeria s’engage à produire localement.
 
Des menaces sûres…
À cette vision prospective du Nigeria, s’oppose l’activité d’importer-exporter beaucoup adulée au Bénin du fait des bénéfices que cela engendre, tant au niveau des commerçants que de la douane, déjà en chute libre, avec plus de 20 milliards de pertes de recettes sur le riz et les huiles végétales.
A ces pertes, s’ajoutent d’autres conséquences comme la menace sur l’activité de vente de pièces détachées de véhicules. In fine, ce sont à peu près 5 mille emplois qui sont en voie de disparaitre. "À la fin du mois de juin 2016, seulement 76 mille voitures ont été vendu en direction du Nigéria, contre plus de 285 mille en 2015 et plus de 353 mille en 2014", indique le rapport de M. John Igué.
Et, cette chute exponentielle, entraine avec elle, la perte de recette douanière ! Estimée à quelques 30 milliards, rien que dans le secteur de véhicule d’occasion. Le Bénin en posture de parasite aux dépens de Nigeria se meurt ! Le fonctionnement de l’État seraient-il menacé ? Tout compte fait, le budget général de l’État en paie les frais.
Aujourd’hui, le Nigeria profite dans les mêmes conditions du commerce de réexportation vers le Bénin. Ici, l’activité de la contrebande de toutes sortes de produits, notamment pétroliers et pharmaceutiques constitue le gros lot des échanges commerciaux actuel entre les deux économies. Ce qui est une menace grave pour le Bénin, qui risque de disparaître.
Pour y remédier, la douane semble en ligne d’attaque. Elle a pris ses responsabilités en fixant les nouvelles règles. C’est ce qu’il faut comprendre de la note circulaire signée par son directeur général.
 
Construire une économie au Bénin   (Carte du Benin)
Face aux menaces pesantes sur l’économie du Bénin, du fait du réveil du Nigeria, une veille stratégique s’impose. Le Bénin doit suivre la mise en œuvre des mesures de politiques économiques au Nigeria afin de s’adapter aux orientations du grand voisin. Ce qui permettra de sauver les meubles. Et, cela passe par une réelle transition fiscale vers une fiscalité intérieure de développement. Toute chose devrait favoriser les mesures de politiques commerciales et les libérer des considérations budgétaires.
Aussi, le Bénin présente-t-il des atouts pour fournir la matière première aux industries nigérianes, mais surtout vendre des produits vivriers aux États frontaliers. En effet, l’étude du Professeur Igué relève que le pays dispose d’un avantage comparatif dans le secteur agricole. Mieux, le potentiel industriel existe pur produire des biens destinés à la consommation du Nigeria.
L’étude révèle en outre un potentiel d’échange commercial d’environ 2500 milliards de francs CFA dont une partie importante échappe au contrôle de l’État. Peut-être que la note circulaire du directeur générale de la douance est une prémices à la mise en place d’actions de normalisation des relations économiques et commerciales entre le Bénin et le Nigeria. Maîtriser la matière imposable et bannir les exportations basées sur des produits importés, qui ont été pendant longtemps une vache à traire pour des milliers d’opérateurs économiques et  l’État lui-même, qui y tirait des recettes douanières substantielles.
Pour  régler en urgence ce problème, le bon sens impose des mesures drastiques négociées, pour éviter la ruine de l’économie béninoise. Cependant, la grande porte de sortie semble inévitablement l’avènement de l’Eco, la monnaie unique de la Cedeao, assortie d’une spécialisation des zones de l’espace communautaires.
 Yêdafou KOUCHÉMIN, Contributeur Diasporas- News à Cotonou
 


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