Affaire Fondation Drogba / Thierno Seydi (manager de Drogba) : « Nous ne nous reprochons rien, nous allons gagner ce procès »

Didier Drogba et son équipe managériale ont sans doute été secoués par l’affaire de mauvaise gestion présumée de leur Fondation évoquée par le journal Daily mail, mais ils restent debout. Droits dans leurs souliers, la tête haute et l’esprit dégagé surtout. En tout cas, c’est l’image que nous a renvoyée, Thierno Seydi, la manager de Didier Drogba que nous avons croisé récemment à la gare du Nord (Paris) pour avoir sa position. Comme son poulain, pour lui, le journal anglais a voulu faire délibérément du mal à Didier Drogba ou entacher sa crédibilité puisqu'ils ont mis tous les éléments possibles à sa disposition pour vérifier les informations dont ils avaient besoin. « Pour commencer, le journaliste ignorait tout de la création de la Fondation. La Fondation a été créée en 2007 en Côte d’Ivoire, il croyait que c’était en 2009 à Londres, il s’est basé sur la création du bureau de Londres. Et c’est par mesure de sécurité qu’on a créé un bureau à Londres. On a ouvert deux comptes en devises parce que la majeure partie des donateurs vient d’Europe. Un compte à Londres c’est plus facile pour eux. De 2007 à aujourd’hui, on a reçu des dons venant aussi bien de l’Afrique que de l’Europe et des sponsors surtout qui travaillent avec Didier Drogba. Donc toutes ces sommes versées par les sponsors et des donateurs font tourner la Fondation à partir d’Abidjan. Chose que Daily mail ignorait carrément. Ils sont allés jusqu’à vérifier les mouvements du compte, voyant que ça ne bougeait pas, le journaliste croyait que Didier utilisait l’argent à d’autres fins. Or, c’est fait à dessein, le compte de Londres va servir aux gros travaux d'investissements », souligne-t-il. Et le premier concerné, Didier Drogba, ne dit pas autre chose sur RFI : « Le côté complexe, c’est qu’on opère en Afrique, qu’on a un siège là-bas. La Fondation a en effet été créée à Abidjan en 2007. L’autre côté, on a créé un bureau à Londres, parce qu’on voulait organiser des galas pour récolter des fonds. Ces galas nous permettent d’avoir des revenus », précise l’ancien capitaine des Eléphants.
De la plainte déposée devant les tribunaux…
Cette affaire qu’est allée chercher le Daily mail dans le camp Didier Drogba risque de lui coûter la peau des fesses. Touchés dans leur amour propre et surtout ce problème jette l’opprobre sur la Fondation, Didier Drogba et ses hommes ont déjà porté l’affaire devant les tribunaux anglais. Et ils ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin. Eux qui comprennent mal qu’on puisse leur reprocher le fait qu’il n’y a pas assez de mouvements sur le compte logé à Londres. Et qu’ils n’ont touché que 1% des 2.1 millions d’Euros dont dispose ce compte de la Fondation. « J’espère que ces messieurs vont regretter leur acte. L’affaire ira très loin, ça ne va pas rester comme ça. Car c’est de la méchanceté gratuite. Ils nous ont demandé des informations, on leur a mis un document de 67 pages à disposition, malgré ça, ils ont écrit ce qu’ils voulaient. Ils n’en ont même pas tenu compte, donc il y avait une volonté manifeste de nuire, un dessein inavoué. Pour cela, nous avons porté plainte, et nous laissons la latitude à nos avocats de suivre le dossier. Le préjudice est énorme aussi bien pour l’image de Didier Drogba que pour la Fondation. Tout est propre à la Fondation, nous n’avons rien à nous reprocher, nous allons gagner ce procès et l’argent va nous servir à continuer les travaux de la Fondation », espère l’un des meilleurs agents de joueurs africains voire au monde. Lui qui gère 70 footballeurs professionnels toutes nationalités confondues. « On est obligé de porter plainte parce que c’est diffamatoire ! Ils nous ont envoyé un document avec seize questions. On a répondu à toutes leurs questions. Mais malgré ça, ils ont quand même publié l'article. Si on sort gagnant de cette procédure, ça ne pourra faire que du bien à la fondation », commente DD.
De l’avenir de la Fondation…
Quand même cette affaire n’a pas amené Didier Drogba et les siens à prendre la dramatique décision de mettre un terme à leurs actions sociales encore moins à l’avenir de la Fondation, ils ont été secoués voire ébranlés par cette trouvaille du Daily mail. Au lieu de cinq cliniques à Bouaké, Korhogo, Yamoussoukro, Gagnoa et Abidjan, la crise qui a secoué la Côte d’Ivoire a contraint l’ancienne pointe de l’attaque des Blues à changer le contenu du projet. Surtout pas à cause de cette affaire nouvelle dans l'histoire de la Fondation. Celle d’Abidjan qui sera inaugurée bientôt reste l’édifice mère, et le reste du pays sera desservi avec des cliniques mobiles dont les dispositions finiront d’être achevées sous peu.
« On a commencé à faire du dépistage en décembre, durant deux jours. Une équipe médicale doit prochainement s’installer et faire des campagnes de dépistage. […] Notamment en matière de maladies cardio-vasculaires et infantiles », précise Drogba. Une chose est certaine, la clinique d’Abidjan(Attécoubé) ouvre juste dans quelques mois. Le temps que les quelques corrections techniques souhaitées par le ministère de la Santé publique de Côte d’Ivoire soient satisfaites.
 
Ahmet Ould N’diaye

Paru dans le Diasporas-News n°74 de Mai 2016
 

Encadré

Voici les nouveaux défis de Drogba…
A 38 ans révolus, l’avenir sportif de Didier Drogba est désormais derrière lui. Mais à cet âge, beaucoup de sportifs auraient déjà raccroché les crampons, les baskets, la racket…mais lui, veut continuer. Pour combien de temps encore ? « En rigolant, il me dit qu’il veut bien jouer jusqu’à 40 ans, on en a plaisanté, mais il en est capable, la preuve, il continue de jouer ». Voir Drogba gambader sur les pelouses de la planète foot jusqu’à 40 ans, une réalité ? L’ancien avant centre des Lions Indomptables du Cameroun, Roger Milla, a joué jusqu’à 42 ans. L’ex-portier Italien, Dino Zoff, a fait pareil. Paolo Maldini a servi le Milan AC de son enfance et la squadra Azura (l’équipe nationale d’Italie) jusqu’à 41 ans révolus. Pourquoi pas DD ? Attendons de voir. Et ce n’est pas le seul nouveau défi de l’ancien capitaine des Eléphants. A sa future corde, il y a plusieurs cordes. Il a déjà passé un accord avec Chelsea pour être dans le staff technique des Blues anglais une fois sa carrière terminée. Sera-t-il dans le staff du futur patron du banc de la formation londonienne, l’Italien, Antonio Conté ? Rien n’est à écarter. C’est le futur proche de l’ex-killer des Blues. Son avenir moyen ou lointain se trouve toujours dans le football. Et pas n’importe où s’il vous plait. DD se verrait bien un jour sélectionneur des Eléphants de Côte d’Ivoire ou président de la Fédération Ivoirienne de Football(FIF). Et pourquoi, au de-là, c’est-à-dire patron de la Confédération Africaine de Football(CAF) ? Tous ces projets sommeillent pour l’instant dans les bureaux feutrés de sa Fondation et dans les tiroirs de son manager, Thierno Seydi. « Il va passer bientôt ses diplômes d’entraîneur. Il a déjà discuté avec la direction de Chelsea pour intégrer le staff, attendons qu’il finisse de jouer, il en a encore pour un ou deux maxi. Une chose est claire, la voix de Drogba doit compter dans le football africain voire mondial pourquoi pas un jour ? Il est le joueur africain le plus emblématique de ces 15 dernières années, donc c’est logique que sa voix compte dans ce milieu qu’il adore tant et qui lui a tout donné ». On le voit, une autre vie va démarrer pour Didier Drogba dès qu’il aura mis un terme à sa carrière sportive : diriger et les affaires.
 
A.O.N
Paru dans le Diasporas-News n°74 de Mai 2016