Côte d’Ivoire : Procès de Laurent Gbagbo et Blé Goudé : les ivoiriens partagés

L’affaire Le Procureur c. Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé fait des vagues. Et les ivoiriens en font chacun un commentaire selon qu’ils appartiennent à un camp ou à l’autre. C’est un secret de polichinelle que pour les partisans de Laurent Gbagbo ce procès a de forts relents politiques. Il ne faut d’ailleurs rien en espérer. Sinon la Cour Pénale Internationale dans un souci d’équité aurait demandé des comptes aux deux protagonistes de cette crise qu’étaient Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara. Ils en veulent pour preuve, les différents rapports d’enquête produits par plusieurs organismes internationaux et même nationaux de droits de l’homme. Un exemple patent est le rapport remis le 8 août 2012 par la Commission Nationale d’enquête au président de la République. Ce rapport faisait état des violations de droits de l’homme et du droit international humanitaires survenus dans la période du 31 octobre 2010 au 15 mai 2011. Celui-ci révèle que 3.248 personnes ont été massacrées lors de ce conflit. Cependant 1.452 ont été tuées par les forces régulières d’alors aux ordres du Président Laurent Gbagbo. 727 tuées à leur tour par les forces républicaines de Côte d’Ivoire aux ordres d’Alassane Ouattara et 200 par les Dozos. Fort de cela, le camp Gbagbo conclut que ce procès n’aboutira à rien. Une thèse appuyée par  Boubacar Koné, porte parole par intérim du FPI qui s’indigne dans un courrier dont nous avons reçu copie ‘’ ne nous trompons pas, la CPI n’est pas une juridiction, c’est une machine infernale dont l’ONU tient les manettes’’. Comme lui, ils sont nombreux ces ivoiriens pour qui ce procès n’apportera rien aux prévenus. A contrario, il pourrait être une tribune à laquelle certaines vérités seront connues si l’on en croit la promesse faite par Laurent Gbagbo lors de sa première audience de confirmation des charges : ‘’on va aller jusqu’au bout’’.
Justice, justice…
Il est clair que la crise postélectorale a fait naitre deux clans en Côte d’Ivoire. Notamment celui des ‘’victimes’’ et d’Alassane Ouattara, opposés à Laurent Gbagbo. Ils sont unanimes sur la question.  Ce procès marque un grand pas dans la manifestation de la vérité tant recherchée. En effet, un millier de victimes environ ont été enregistrées pour témoigner lors de ce procès. Ce moment est donc précieux pour elles qui tenteront tant bien que mal de présenter un tableau très sombre de la situation. Pareil pour le pouvoir d’Abidjan qui, bien évidemment a toujours rejeté la responsabilité de la crise sur son adversaire Laurent Gbagbo. Faisant fi des différents rapports d’organismes de droits de l’homme.
 

Forte mobilisation…                            
En dépit des supputations que suscite ce procès, les partisans de Laurent Gbagbo gardent une foi qu’on dirait inébranlable. Ils estiment que leur mobilisation apportera à n’en point douter un plus à ce procès. Depuis l’ouverture, la mobilisation ne faiblit pas. Bien au contraire, l’on innove et met en place des stratégies pour ‘’redonner confiance à leurs camarades emprisonnés’’. Depuis Abidjan jusqu’à la Haye, c’est la grande mobilisation. Gadgets, foulards, T-shirts, chemises ou pagnes à l’effigie de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé sont vendus. Des convois sont organisés par les militants et sympathisants de l’hexagone en direction de la Hollande. Des journalistes ont même mis sur pied une web TV qui retransmettra le procès en streaming. A Abidjan, les partisans de Charles Blé Goudé, ont prévu une retransmission sur écran géant dans toutes leurs bases.
Hermann Djea