Il avait promis à ses militants et sympathisants une victoire par « K.O. » dès le premier tour du scrutin. Et oui, il l’a réussi. Le voilà donc au palais de Kosyam après avoir quitté le système Compaoré qu’il a longtemps servi. Son rival, Zéphirin Diabré, à l’annonce des résultats provisoires donnés par la CENI, a joué au Fair-play.
Les sondages le prédisaient vainqueur du scrutin. Le MPP (Mouvement du Peuple pour le Progrès) a su mettre en branle sa machine de guerre, attiser ses réseaux. Roch Marc Christian Kaboré a réalisé le rêve de son parti en remportant par « un coup K.O. », la présidentielle du dimanche 29 novembre 2015, il est le premier président démocratiquement élu depuis 1978 avec un score absolu et sans appel de 53,49 % des voix. Il n’y a donc pas un second tour entre Kaboré et Diabré. Pour son principal challenger Zéphirin Diabré, 56 ans, ancien chef de file de l’opposition, la moisson a été maigre. Le candidat malheureux de l’UPC (Union pour le Progrès et le Changement) est arrivé en 2ème position, selon les résultats provisoires donnés le 30 novembre à minuit par la CENI (Commission électorale nationale indépendante), avec
29,65%.
Au siège du MPP, on fait la fête. Ses militants et sympathisants sont aux anges. Mais au-delà de tout, la victoire de Kaboré, c’est la victoire de tout le peuple Burkinabé qui a lutté pour le triomphe de la démocratie au Faso. Pour le nouveau président, le temps de grâce serait court. « Nous devons nous mettre au travail immédiatement. C'est tous ensemble que nous devons servir le pays. Mes premiers sentiments sont des sentiments de reconnaissance, pour l'honneur qui m'est fait pour exercer cette fonction exaltante dont je mesure par ailleurs le poids de la charge ».Ce sont là, les premiers du nouveau locataire du palais de Kosyam qui a affiché sa « détermination pour ouvrir des opportunités de lendemains meilleurs » et adressé ses « chaleureuses félicitations aux organes de la transition ». Economiste de formation, l’homme pourrait trouver des astuces pour relancer le pays et l’engager sur la voie de l’émergence, même si la réconciliation, le sort des complices du putsch et des présumés auteurs des tueries des insurrections, la suite à donner au rapport final de la Commission d’enquête sur les événements du 16 septembre et le dossier de Thomas Sankara restent des sujets sensibles. En tout cas, le CNT (Conseil national de Transition) a tracé les sillons, il ne rester qu’à semer.
Kaboré, un militant de 1ères heures. Après son Baccalauréat décroché en 1975, Roch Marc Christian Kaboré est titulaire, en 1979 d’une Maîtrise en Sciences économiques et d’un Diplôme d’Etudes supérieures spécialisées (DESS) en Gestion des Entreprises à l’Université de Dijon. Roch Marc Christian Kaboré s’est imprégné, à Dijon, de l’idéologie de gauche. En 1983, de retour au pays, le fils du terroir a retrouvé ses réflexes avec l’ULC-R (Union de lutte communiste reconstruite) acquise à la cause des idées révolutionnaires de Thomas Sankara, malgré son statut de Directeur général de la BIB (Banque internationale du Burkina), poste auquel il a occupé en 1984 à l’âge de 27 ans.
Après l’assassinat de Sankara, le pouvoir de Compaoré passa à la traque des cadres révolutionnaires. Pour sauver sa peau, Kaboré fait allégeance et devient le dauphin de Blaise Compaoré, l’auteur du coup d’Etat sanglant contre Thomas Sankara. C’est le début d’un revirement idéologique pour le jeune militant de gauche qui se rallie au pouvoir aux mains sales. Il sera propulsé au ministère des Transports et ensuite au ministère chargé de la Coordination de l’action gouvernementale. Plus tard en 1994, il fut nommé Premier ministre et de 2002 à 2012, président de l’Assemblée nationale. Dans l’écurie du CDP (Congrès pour la Démocratie et le Progrès) où il était le secrétaire exécutif de 1999 à 2003, la collaboration est devenue difficile avec son mentor. Sur son chemin, des ennemis dont Salif Diallo, François Compaoré, le propre frère du président.
Début 2010. Les choses se compliquent davantage pour le dauphin. Blaise Compaoré ne le compte plus parmi ses fidèles. Ouvertement, Kaboré a critiqué les velléités de Compaoré de modifier la Constitution du pays en voulant sauter le verrou de l’article 37 qui interdit au président de briguer un nouveau mandat en 2015. Le divorce senti est donc consommé. Roch Marc Christian Kaboré a claqué la porte et bascule définitivement dans l’opposition. Le 25 janvier il crée avec Salif Diallo et Simon Compaoré, deux ex-poids du régime, le MPP aujourd’hui au pouvoir. En moins de deux (02) ans, il a arrondi les angles avec le soutien des « stratèges Simon Compaoré, ancien maire de Ouagadougou et Salif Diallo, qui s’est longtemps rêvé en successeur de Blaise Compaoré ».
Le Fair-play Zéph. 1 heure après l’annonce des résultats provisoires par la CENI, Zéphirin Diabré, a reconnu sa défaite. Il a aussitôt rendu visite, très tôt ce matin de mardi 1er décembre, à son concurrent pour le féliciter « physiquement » de sa victoire. Au siège du MPP, il dit s’être entretenu avec le vainqueur du 1er tour de cette présidentielle. « J'ai tenu à adresser de vive voix à M. Roch Marc Christian Kaboré toutes mes félicitations, puisque tout indique qu'il sera le nouveau président du Faso », a-t-il confié aux journalistes. Et d’ajouter : « Il n’y a pas de contestation à ce scrutin », a-t-il déclaré.Selon les résultats des élections législatives proclamées mercredi 2 décembre 2015 par la CENI, le MPP n’a pas décroché la majorité absolue à la Chambre du Parlement. Mais garde un PROGRES fulgurant. Il rafle 55 sièges des 127 députés, suivi de l’UPC de Zéphirin Diabré, 33 sièges. Le Congrès pour la Démocratie et le Changement (CDP), le parti au pouvoir exclu de la présidentielle, a surpris, malgré une campagne électorale à moyens financiers très limités. Il détient à l’Assemblée nationale 18 sièges et occupe la troisième position. L’Unir-PS, malgré la débâcle présidentielle de son candidat Me Bénéwendé Sankara, se rachète. Les Sankaristes recueillent 5 sièges. D’autres partis, eux aussi, ont complété la liste avec quelques sièges. Roch Marc Christian Kaboré va donc négocier des alliances pour tenir une majorité de 64 députés et pouvoir faire passer sans gros souci ses projets de lois.
Un pari gagné. Ces élections libres, apaisées, transparentes, crédibles et acceptées par tous restent un pari gagné pour le président de la Transition, Michel Kafando et par ricochet la CENI. « Les Burkinabé ont une nouvelle fois démontré leur attachement profond à la démocratie en votant dans le calme, ce dimanche 29 novembre, pour désigner leurs députés et leur nouveau président à l’occasion d’un scrutin historique. J’adresse mes sincères félicitations au Président Michel Kafando qui a conduit la transition dans un climat de dialogue et de consensus. J’associe à ces remerciements le gouvernement, les partis politiques et l’ensemble des populations burkinabé qui ont contribué à la conduite du processus électoral de sortie de crise. Ces élections du 29 novembre marqueront, sans nul doute, le retour à une véritable vie politique apaisée et au rétablissement de la démocratie dans cet Etat membre », s’est réjouie la Secrétaire générale de l’OIF (Organisation internationale de la Francophonie) Michaëlle Jean, à travers un communiqué de presse rendu public le 30 novembre.
Pierre-Claver KUVO
Paru dans le Diasporas-news n°69 de Décembre 2015
29,65%.
Au siège du MPP, on fait la fête. Ses militants et sympathisants sont aux anges. Mais au-delà de tout, la victoire de Kaboré, c’est la victoire de tout le peuple Burkinabé qui a lutté pour le triomphe de la démocratie au Faso. Pour le nouveau président, le temps de grâce serait court. « Nous devons nous mettre au travail immédiatement. C'est tous ensemble que nous devons servir le pays. Mes premiers sentiments sont des sentiments de reconnaissance, pour l'honneur qui m'est fait pour exercer cette fonction exaltante dont je mesure par ailleurs le poids de la charge ».Ce sont là, les premiers du nouveau locataire du palais de Kosyam qui a affiché sa « détermination pour ouvrir des opportunités de lendemains meilleurs » et adressé ses « chaleureuses félicitations aux organes de la transition ». Economiste de formation, l’homme pourrait trouver des astuces pour relancer le pays et l’engager sur la voie de l’émergence, même si la réconciliation, le sort des complices du putsch et des présumés auteurs des tueries des insurrections, la suite à donner au rapport final de la Commission d’enquête sur les événements du 16 septembre et le dossier de Thomas Sankara restent des sujets sensibles. En tout cas, le CNT (Conseil national de Transition) a tracé les sillons, il ne rester qu’à semer.
Kaboré, un militant de 1ères heures. Après son Baccalauréat décroché en 1975, Roch Marc Christian Kaboré est titulaire, en 1979 d’une Maîtrise en Sciences économiques et d’un Diplôme d’Etudes supérieures spécialisées (DESS) en Gestion des Entreprises à l’Université de Dijon. Roch Marc Christian Kaboré s’est imprégné, à Dijon, de l’idéologie de gauche. En 1983, de retour au pays, le fils du terroir a retrouvé ses réflexes avec l’ULC-R (Union de lutte communiste reconstruite) acquise à la cause des idées révolutionnaires de Thomas Sankara, malgré son statut de Directeur général de la BIB (Banque internationale du Burkina), poste auquel il a occupé en 1984 à l’âge de 27 ans.
Après l’assassinat de Sankara, le pouvoir de Compaoré passa à la traque des cadres révolutionnaires. Pour sauver sa peau, Kaboré fait allégeance et devient le dauphin de Blaise Compaoré, l’auteur du coup d’Etat sanglant contre Thomas Sankara. C’est le début d’un revirement idéologique pour le jeune militant de gauche qui se rallie au pouvoir aux mains sales. Il sera propulsé au ministère des Transports et ensuite au ministère chargé de la Coordination de l’action gouvernementale. Plus tard en 1994, il fut nommé Premier ministre et de 2002 à 2012, président de l’Assemblée nationale. Dans l’écurie du CDP (Congrès pour la Démocratie et le Progrès) où il était le secrétaire exécutif de 1999 à 2003, la collaboration est devenue difficile avec son mentor. Sur son chemin, des ennemis dont Salif Diallo, François Compaoré, le propre frère du président.
Début 2010. Les choses se compliquent davantage pour le dauphin. Blaise Compaoré ne le compte plus parmi ses fidèles. Ouvertement, Kaboré a critiqué les velléités de Compaoré de modifier la Constitution du pays en voulant sauter le verrou de l’article 37 qui interdit au président de briguer un nouveau mandat en 2015. Le divorce senti est donc consommé. Roch Marc Christian Kaboré a claqué la porte et bascule définitivement dans l’opposition. Le 25 janvier il crée avec Salif Diallo et Simon Compaoré, deux ex-poids du régime, le MPP aujourd’hui au pouvoir. En moins de deux (02) ans, il a arrondi les angles avec le soutien des « stratèges Simon Compaoré, ancien maire de Ouagadougou et Salif Diallo, qui s’est longtemps rêvé en successeur de Blaise Compaoré ».
Le Fair-play Zéph. 1 heure après l’annonce des résultats provisoires par la CENI, Zéphirin Diabré, a reconnu sa défaite. Il a aussitôt rendu visite, très tôt ce matin de mardi 1er décembre, à son concurrent pour le féliciter « physiquement » de sa victoire. Au siège du MPP, il dit s’être entretenu avec le vainqueur du 1er tour de cette présidentielle. « J'ai tenu à adresser de vive voix à M. Roch Marc Christian Kaboré toutes mes félicitations, puisque tout indique qu'il sera le nouveau président du Faso », a-t-il confié aux journalistes. Et d’ajouter : « Il n’y a pas de contestation à ce scrutin », a-t-il déclaré.Selon les résultats des élections législatives proclamées mercredi 2 décembre 2015 par la CENI, le MPP n’a pas décroché la majorité absolue à la Chambre du Parlement. Mais garde un PROGRES fulgurant. Il rafle 55 sièges des 127 députés, suivi de l’UPC de Zéphirin Diabré, 33 sièges. Le Congrès pour la Démocratie et le Changement (CDP), le parti au pouvoir exclu de la présidentielle, a surpris, malgré une campagne électorale à moyens financiers très limités. Il détient à l’Assemblée nationale 18 sièges et occupe la troisième position. L’Unir-PS, malgré la débâcle présidentielle de son candidat Me Bénéwendé Sankara, se rachète. Les Sankaristes recueillent 5 sièges. D’autres partis, eux aussi, ont complété la liste avec quelques sièges. Roch Marc Christian Kaboré va donc négocier des alliances pour tenir une majorité de 64 députés et pouvoir faire passer sans gros souci ses projets de lois.
Un pari gagné. Ces élections libres, apaisées, transparentes, crédibles et acceptées par tous restent un pari gagné pour le président de la Transition, Michel Kafando et par ricochet la CENI. « Les Burkinabé ont une nouvelle fois démontré leur attachement profond à la démocratie en votant dans le calme, ce dimanche 29 novembre, pour désigner leurs députés et leur nouveau président à l’occasion d’un scrutin historique. J’adresse mes sincères félicitations au Président Michel Kafando qui a conduit la transition dans un climat de dialogue et de consensus. J’associe à ces remerciements le gouvernement, les partis politiques et l’ensemble des populations burkinabé qui ont contribué à la conduite du processus électoral de sortie de crise. Ces élections du 29 novembre marqueront, sans nul doute, le retour à une véritable vie politique apaisée et au rétablissement de la démocratie dans cet Etat membre », s’est réjouie la Secrétaire générale de l’OIF (Organisation internationale de la Francophonie) Michaëlle Jean, à travers un communiqué de presse rendu public le 30 novembre.
Pierre-Claver KUVO
Paru dans le Diasporas-news n°69 de Décembre 2015
Voici les résultats provisoires publiés par la CENI
-Roch Marc Christian Kaboré, MPP - Mouvement du peuple pour le progrès, déclaré vainqueur dès le 1er tour avec 53,49 %
- Zéphirin Diabré, UPC - Union pour le progrès et le changement : 29,65 %
- Tahirou Barry - Paren : 3,09%
- Benewende Sankara - UNIR-PS : 2,77%
- Ablasse Ouedraogo - Faso Autrement : 1,93%
- Saran Sereme - PDC : 1,73%
- Victorien Tougouma - MAP : 1,63%
- Jean-Baptiste Natama - indépendant : 1,36%
- Issaka Zampaligre - indépendant : 1,22 %
- Adama Kanazoe - AJIR : 1,21%
- Ram Ouedraogo - RDEBF : 0,68%
- Salvador Maurice Yameogo - RDF : 0,49%
- Boukaré Ouédraogo - indépendant : 0,48%
- Françoise Toe : 0,26%
-Roch Marc Christian Kaboré, MPP - Mouvement du peuple pour le progrès, déclaré vainqueur dès le 1er tour avec 53,49 %
- Zéphirin Diabré, UPC - Union pour le progrès et le changement : 29,65 %
- Tahirou Barry - Paren : 3,09%
- Benewende Sankara - UNIR-PS : 2,77%
- Ablasse Ouedraogo - Faso Autrement : 1,93%
- Saran Sereme - PDC : 1,73%
- Victorien Tougouma - MAP : 1,63%
- Jean-Baptiste Natama - indépendant : 1,36%
- Issaka Zampaligre - indépendant : 1,22 %
- Adama Kanazoe - AJIR : 1,21%
- Ram Ouedraogo - RDEBF : 0,68%
- Salvador Maurice Yameogo - RDF : 0,49%
- Boukaré Ouédraogo - indépendant : 0,48%
- Françoise Toe : 0,26%