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Editorial Diasporas News Octobre 2017: Nations Unies : L’éveil de l’Afrique

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Cela fait quelques années que nous assistons à une véritable offensive diplomatique de l’Afrique au sein des saints des instances dirigeantes de la gouvernance mondiale, l’ONU (Organisation des Nations Unies). Au demeurant, quand on fait les comptes, le Secrétariat général de l’ONU n’a été dirigé que par deux Africains en 72 ans d’existence. La première fois par l’Egyptien Boutros Boutros Ghali (1992-1996) puis le Ghanéen Kofi Annan (1997-2006) qui lui succéda. D’aucuns pensent que cette injustice doit être corrigée d’autant plus que le continent n’a aucun représentant dans le cercle très fermé des membres permanents du Conseil de sécurité disposant du droit de veto. C’est pourquoi de plus en plus de voix se lèvent pour dénoncer la marginalisation du continent dans les instances dirigeantes des Nations Unies.
Editorial Diasporas News Octobre 2017: Nations Unies : L’éveil de l’Afrique
Vu que la dénonciation n’a jamais rien changé depuis des lustres, l’Afrique a donc changé son fusil d’épaule. Parler d’une seule et même voix. Une stratégie payante.
 
Acte I, lors du choix du Directeur général de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), l’Afrique ne s’est pas jetée dans la bataille à rang dispersé comme jadis. L’UA a présenté un candidat, en la personne de l’Ethiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus pour succéder à la Chinoise Margaret Chan qui était en poste pendant dix ans. Le dernier l’a emporté au 3ème tour face au Britannique David Nabarro lors de l’Assemblée mondiale de l’organisation en maidernier. Il est ainsi devenu le premier africain à diriger cette puissante institution onusienne basée à Genève en Suisse. Qui aurait cru qu’un Africain pourrait battre un Européen à la tête de l’OMS ? Loin s’en faut. Encore une fois, la démonstration est faite. Sans la solidarité gagnante de l’Afrique, l’ancien ministre de la Santé éthiopien n’aurait pas obtenu la majorité des deux tiers des voix requises.  

Acte II, même scénario lors de l’élection à la tête du FIDA (Fonds International de Développement Agricole) dont le siège se trouve à Rome en Italie. L’Afrique a présenté une candidature unique pour conserver le fauteuil déjà occupé par le Nigérian Kanayo Nwanze qui était en poste depuis 2009. C’est l’ancien Premier Ministre Togolais Gilbert Fossoun Houngbo, précédemment Directeur général adjoint de l’OIT (Organisation Internationale du Travail), qui l’a emporté face aux candidats Suisse, Italien, Mexicain, Indonésien et Dominicain lors du Conseil des gouverneurs de cette institution le 14 février dernier.

Rompu aux arcanes des institutions internationales, l’ancien sous-secrétaire général de l’ONU et directeur régional du Bureau du PNUD pour l’Afrique a donc pris les rênes de cette institution, spécialisée des Nations Unies, destinée à aider financièrement, comme bailleur de fonds et organisateur, au développement agricole et rural dans les pays en développement et en transition. M. Fossoun a en charge la lutte contre la faim, la malnutrition et la pauvreté dans les 165 pays membres du FIDA.
 
Acte III, récemment encore, lors du renouvellement de la direction générale de l'UNESCO, l'Union Africaine (UA) a exhorté les pays africains à soutenir la candidature de la diplomate égyptienne Moushira Khattab pour succéder à la Bulgare Irina Bokova à la tête de l’Unesco. Une fois n’est pas coutume, comme dans les cas précédents, les dix-sept représentants du continent des cinquante-huit membres du Conseil exécutif ont été appelés à la rescousse pour faire bloc autour de l’ambassadeur de la République arabe d’Egypte. 

L’enjeu était aussi de taille même si le retrait des Etats-Unis et d’Israël risque de gripper le bon fonctionnement de cette institution qui connait des pannes sèches. En effet, le climat délétère qui y règne depuis un moment avait poussé le plus gros contributeur qui se trouve être les Américains à suspendre leur participation financière représentant près de 20 % du budget de l’institution. Une défection qui résulte de l’admission en 2011 de la Palestine en tant qu’Etat membre. 
 
Ne perdons pas de vue que dans l’ordre protocolaire ou d’importance, la Direction générale de l’UNESCO occupe la seconde place après le poste du Secrétariat général des Nations Unies. C’est pourquoi, l'Union Africaine a fait campagne auprès des dirigeants du continent pour assurer la victoire de sa candidate.  
 
Mais hélas ! Des électeurs ont fait défection au vote automatique. A l'arrivée, la diplomate de carrière et experte des Nations Unies, n'a pu récolter la totalité des dix-sept voix des représentants du continent. C'est de justesse que celle qu'on surnomme l'avocate des sans-voix a perdu la bataille au profit de ses adversaires.
 
La leçon qu'on pourrait tirer de toutes ces batailles diplomatiques, c'est que si l’Afrique veut compter et peser dans le concert des Nations, il n’y a qu’un seul mot d’ordre. Elle doit démontrer une solidarité à toute épreuve comme le font la plupart des autres continents pour prendre intelligemment le contrôle de la gouvernance mondiale.
 
Clément YAO 
Paru dans le Diasporas-News n°89 Octobre 2017


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