Qui est Azama ?
Azama est une artiste née en RD Congo et qui travaille les tissus comme matériaux. "J’effiloche les tissus afin de rechercher la lumière, de m’éloigner du néant. Je recherche tout ce qui est léger comme une plume. C’est-à-dire que je pars du principe que nous naissons entier et c’est le monde qui nous effiloche, qui nous déstructure. Nous sommes tous effilochés".
Comment ?
Nous avons tous des morceaux manquants. J’ai d’ailleurs une citation que j’aime bien citer car elle a un lien profond avec mon travail. C’est une citation d’une auteure de livres pour enfants.
Que dis cette citation ?
« J’ai l’impression que ma vie est comme un tricot raté. Tout effiloché avec des morceaux manquants ». Je rebondis donc pour affirmer que nous sommes tous effilochés. Nous avons tous des morceaux manquants. L’essentiel, ce n’est pas de savoir qui en a le plus ou le moins. L’important est de savoir comment faire passer la lumière.
En général que représentent vos différents tableaux et quelle est leur valeur marchande ?
Chaque effilochée symbolise une émotion et raconte une histoire. Le prix des œuvres est variable, il démarre aux alentours de 1000 euros pour les plus petits formats. Ma côte a évoluée de manière significative depuis 2014, date de ma première exposition.
Quelles sont les histoires racontées aux travers des effilochées ?
Les histoires sont celles de la petite Azama, l’histoire de chaque enfant, de chaque être humain quel que soit l’endroit où il est né. Ce sont des histoires universelles car chaque individu a envie de rechercher la lumière. Certains arrivent à voir la lumière dans des situations obscures, dans des douleurs extrêmes. J’effiloche depuis l’âge de cinq ans, ce sont les émotions qui me poussent à effilocher. Chacun interprète les effilochées en fonction de son vécu, en fonction de ce qu’il imagine. Les effilochées ne m’appartiennent plus. C’est la relation que j’ai avec mon public.
Etes-vous la seule artiste à effilocher les tissus de la sorte ?
Sans doute ?! Je vais chercher au plus profond des tissus comment faire passer la lumière. Qui dit lumière, dit la vie.
Comment votre travail est perçu par les amoureux de l’art ?
Mon public est stupéfait et très surpris de découvrir les effilochées. C’est inédit ! Mon travail leur parle, les interroge. Chacun trouve toujours une histoire, une interprétation. Je suis heureuse car finalement j’ai bien fait de persévérer dans mon travail. Chaque effilochée reste unique. Ce sont des œuvres atypiques. Toujours en un seul morceau...
Vous avez une exposition prévue au mois de juin. A quoi peut-on s’attendre ?
J'ai déjà exposé dans des lieux prestigieux à Bordeaux et ses environs (Château Larose Trintaudon, Château Pape Clément, salle Gothique de Saint-Emilion, Cour Mably...). Mon mécène, Monsieur Magrez, propriétaire d’une quarantaine de châteaux, m’a sollicité pour exposer dans son Institut Culturel. C’est un lieu artistique réputé à Bordeaux, j’ai été très honorée ! En juin, j’exposerai mes œuvres à l’Eglise Saint-Vincent de Mérignac. C’est également un lieu emblématique d’exposition. L’objectif est de partager mes effilochées, d’intriguer, de surprendre. J’invite tout le monde du 10 juin au 30 juillet. Vous découvrirez également des surprises !
www.azamaeffilochee.com
Entretien réalisé à Bordeaux par Guy-Florentin Yameogo
Paru dans le Diasporas-News n°85 de Mai 2017