Du haut de ses 75 ans, ce militant historique en a vu d’autres : le bagne de Robben Islands, la clandestinité. Plusieurs fois menacé par la justice, les motions de destitution du parlement, voire au sein même de l’ANC, le lion de Msholozi rugit encore. Il va livrer sa dernière bataille, lors de la Conférence Nationale, à la fin de cette année.
Pendant près d’une décennie de pouvoir, rien ne sera donc épargné au président sud-africaine Jacob Zuma. Secoué par des scandales de corruption, sévèrement critiqué au sein même de sa propre famille politique, tel un roseau «Jayzee» - surnom tiré de ses initiales – plie mais ne rompt pas ! Et pourtant, au fil des années, les orages s’amoncellent au-dessus de sa tête. Cèdera-t-il aux pressions de toute part avant la fin de son dernier mandat, censé se terminer en 2019 ? Aura-t-il le temps de se choisir un successeur ? D’ores et déjà, dès la fin de cette année, le renouvellement de la Direction Nationale de l’ANC et la désignation de son chef sera un tournant décisif. Ils se feront à l’occasion du congrès qui réunira tous les cadres dirigeants du parti. Car même si les élections générales n’auront lieu que dans deux ans, celui ou celle qui prendra la tête du parti sera logiquement élu président de la République.
Les scandales à répétition
Les premières casseroles de monsieur Jacob Zuma remontent au début des années 2000 alors qu’il n’était que le dauphin désigné du président Thabo Mbéki. Son nom fut associé au scandale de pots-de-vin sur des commandes publiques. Le britannique BAE Systems, le suédois Saab et la société Thint - une filiale du groupe français Thomson-CSF-, ont « arrosé » la classe politique et des dirigeants de l’ANC pour obtenir un marché de ventes d’armes d’un montant de plus de 4 milliards €uros. Son ami et néanmoins conseiller financier Schabir Shaik écopa de 15 ans de prison. Il échappa de peu à la prison mais cette affaire lui coûta son poste de vice-président. Vînt ensuite en 2006 son procès pour accusation de viol sur une femme séropositive alors qu’il était président du Conseil National de Lutte contre le Sida ! Acquitté à quelques mois d’intervalle sur les deux affaires, il réintégra ses fonctions de vice-président de l’ANC.
En 2014, la rénovation pour des travaux de sécurité de sa résidence privée de Nkandala dans sa région natale - pour la bagatelle de 15 millions €uros - lui vaudra encore des ennuis judiciaires au motif de viol de la Constitution et d’abus de biens sociaux. Après deux années de procédure, l’actuel président de la République fût sommé de « rembourser un pourcentage raisonnable des coûts » c’est-à-dire 450.000 €uros. Faute avouée, à moitié pardonnée : il se maintiendra à son poste malgré sa fragilisation et les appels à la démission. Mais la facture de cet épisode se paiera par une déroute électorale de l’ANC lors des dernières municipales du mois d’août 2016. Le parti historique a perdu plusieurs bastions et n’a pas dépassé la barre des 50% dans quatre des six des grandes métropoles.
Toujours en 2016, une nouvelle enquête est diligentée par la médiatrice de la République Thuli Madodonsela. Elle fait suite à la révélation du vice-ministre des Finances Mcebisi Jonas. Il a affirmé que la richissime famille Gupta lui avait proposé de prendre le portefeuille du Trésor ; et ce, quelque jours seulement avant le limogeage du titulaire du poste. Cette procédure judiciaire concerne directement les liens supposés entre le président Jacob Juma et les Gupta. Cette amitié entre le clan et l’actuel chef de l’Etat s’est nouée bien avant son accession à la magistrature suprême. Pour le coup, il est susceptible d’être accusé de trafic d’influence. En tout les cas, il s’agit au minimum d’échange de bons procédés : le fils Duduzana Zuma siège dans plusieurs conseils d’administration des sociétés appartenant au conglomérat. La famille Gupta reçoit en retour des contrats publics ; ou encore fait atterrir un avion rempli de 200 invités sur une piste réservée aux hôtes de marque de la Nation Arc-en-Ciel, lors de la noce de leur nièce en 2014. Mais l’affaire prend une autre tournure lorsque les Gupta sont soupçonnés de s’immiscer dans les affaires publiques.
Les scandales à répétition
Les premières casseroles de monsieur Jacob Zuma remontent au début des années 2000 alors qu’il n’était que le dauphin désigné du président Thabo Mbéki. Son nom fut associé au scandale de pots-de-vin sur des commandes publiques. Le britannique BAE Systems, le suédois Saab et la société Thint - une filiale du groupe français Thomson-CSF-, ont « arrosé » la classe politique et des dirigeants de l’ANC pour obtenir un marché de ventes d’armes d’un montant de plus de 4 milliards €uros. Son ami et néanmoins conseiller financier Schabir Shaik écopa de 15 ans de prison. Il échappa de peu à la prison mais cette affaire lui coûta son poste de vice-président. Vînt ensuite en 2006 son procès pour accusation de viol sur une femme séropositive alors qu’il était président du Conseil National de Lutte contre le Sida ! Acquitté à quelques mois d’intervalle sur les deux affaires, il réintégra ses fonctions de vice-président de l’ANC.
En 2014, la rénovation pour des travaux de sécurité de sa résidence privée de Nkandala dans sa région natale - pour la bagatelle de 15 millions €uros - lui vaudra encore des ennuis judiciaires au motif de viol de la Constitution et d’abus de biens sociaux. Après deux années de procédure, l’actuel président de la République fût sommé de « rembourser un pourcentage raisonnable des coûts » c’est-à-dire 450.000 €uros. Faute avouée, à moitié pardonnée : il se maintiendra à son poste malgré sa fragilisation et les appels à la démission. Mais la facture de cet épisode se paiera par une déroute électorale de l’ANC lors des dernières municipales du mois d’août 2016. Le parti historique a perdu plusieurs bastions et n’a pas dépassé la barre des 50% dans quatre des six des grandes métropoles.
Toujours en 2016, une nouvelle enquête est diligentée par la médiatrice de la République Thuli Madodonsela. Elle fait suite à la révélation du vice-ministre des Finances Mcebisi Jonas. Il a affirmé que la richissime famille Gupta lui avait proposé de prendre le portefeuille du Trésor ; et ce, quelque jours seulement avant le limogeage du titulaire du poste. Cette procédure judiciaire concerne directement les liens supposés entre le président Jacob Juma et les Gupta. Cette amitié entre le clan et l’actuel chef de l’Etat s’est nouée bien avant son accession à la magistrature suprême. Pour le coup, il est susceptible d’être accusé de trafic d’influence. En tout les cas, il s’agit au minimum d’échange de bons procédés : le fils Duduzana Zuma siège dans plusieurs conseils d’administration des sociétés appartenant au conglomérat. La famille Gupta reçoit en retour des contrats publics ; ou encore fait atterrir un avion rempli de 200 invités sur une piste réservée aux hôtes de marque de la Nation Arc-en-Ciel, lors de la noce de leur nièce en 2014. Mais l’affaire prend une autre tournure lorsque les Gupta sont soupçonnés de s’immiscer dans les affaires publiques.
Dès le mois d’avril 2016, quatre établissements financiers d’Afrique du Sud ont fermé les comptes bancaires de la famille Gupta. La raison : 70 transactions bancaires (433 millions €uros) provenant de leurs entreprises sont jugées douteuses. La famille essaye d’étouffer le scandale en usant de leurs relations en haut-lieu. Au mois de novembre dernier, à son tour le ministre des Finances Pravin Gordhan transmet le dossier à la Justice. Le 27 mars 2017, le président Jacob Juma demande instamment à ce dernier, en déplacement au Royaume-Uni, de rentrer en Afrique du sud. Trois jours plus tard, le remaniement gouvernemental confirme le départ pressenti de Pravin Gordhan et la nomination d’une vingtaine de ministres. Le plus emblématique reste l’arrivée au Trésor du ministre de l’Intérieur Malusi Gigaba – fidèle parmi les fidèles – en lieu et place du trublion Pravin Gordhan, garant de l’orthodoxie financière et très respecté par le milieu économique.
La pire humiliation pour le président Jacob Zuma survient la même semaine que le changement de gouvernement. Ahmed Kathrada venait de décéder et sa famille refusa au chef de l’Etat de venir assister aux obsèques. Cet octogénaire fut l’une des grandes figures de l’ANC, compagnon de lutte ayant partagé pendant 26 ans les affres des geôles de Robben Islands avec Nelson Mandela. Le ban et l’arrière-ban de la lutte anti-apartheid, les personnalités morales du pays, la famille Mandela étaient tous rassemblés à Johannesburg pour un dernier hommage à uncle Kathy. Et lui «Jayzee», jeune combattant courageux de l’ANC, prisonnier avec les « anciens » pendant 10 ans, était le grand absent des funérailles. Comment peut-il en être autrement lorsqu’Ahmed Kathrada adressa une lettre de reniement à Jacob Zuma, en mars 2016 : « ne pensez-vous pas que votre maintien n’aura d’autre effet que d’aggraver la crise de confiance à l’égard des dirigeants du pays ? ». Il s’agissait de marquer son indignation à la suite de l’épilogue de l’affaire des dépenses somptueuses du chef de l’Etat, coupable à ses yeux de ne pas avoir démissionné.
L’Afrique du Sud en crise
Depuis pratiquement une décennie, le développement socio-économique de l’Afrique du Sud post-apartheid, peine à trouver un second souffle avec un taux de chômage endémique de plus de 27%. Et Jacob Zuma est-il le seul responsable ? La conjoncture actuelle cristallise les passions et les faits de corruption et de clientélisme ne font qu’exacerber les tensions sociales et les rivalités au sein de l’ANC. Depuis la crise financière mondiale de 2008, le modèle économique de la Nation Arc-en-Ciel est en panne et l’équipe dirigeante est incapable de tenir ses promesses : réduction des inégalités, accès pour le plus grand nombre aux services de base. Pourtant, que d’efforts ont été réalisés depuis près de 25 ans, en terme d’adduction d’eau, d’électrification, d’habitats : 7 millions de personnes ont accès à l’eau courante, 1,5 million de logements sociaux ont été construits, plus de 2 millions de foyers sont connectés au réseau électrique.
Le contrecoup de cette crise économique fait replonger une certaine frange de la classe populaire dans la misère. On ne compte plus les expulsions des locataires de logements sociaux insolvables ou qui sont dans l’incapacité de payer les factures d’eau et d’électricité. A la fin de l’année 2016, le taux de croissance annuelle de l’Afrique du Sud était de 0,5%. Une des principales raisons est la suivante : l’industrie agro-alimentaire, un des secteurs-clé de l’économie est toujours en crise. La bonne tenue du secteur minier (+5%) n’arrive pas à compenser une récession rampante. Le virage libéral amorcé en 1997, supposé favoriser les investissements ne permet plus de dégager des revenus destinés à la politique sociale. Ainsi faute de croissance soutenue, la politique de redistribution de revenus – fonds de commerce électoral de l’ANC - ne fonctionne plus. Et cela provoque encore plus d’inégalités : 25% de la population noire gagnent en moyenne 80 €uros/ mois contre 1% seulement chez les blancs. Ou encore, 60.000 fermiers blancs exploitent plus de 75% des terres arables alors que 14 millions de noirs restent cantonnés dans les bantoustans, un cache-misère rebaptisé homeland. L’Affirmative action et le Black Economic Empowerment, c’est-à-dire les mesures prises pour favoriser l’émergence d’une classe moyenne noire, ont produit un double effet : positifs mais aussi pervers. Une oligarchie noire issue des milieux d’affaires, des cadres de l’ANC et des syndicalistes affichent ostensiblement leur réussite face à une population déçue qui cherche maintenant un bouc-émissaire.
La pire humiliation pour le président Jacob Zuma survient la même semaine que le changement de gouvernement. Ahmed Kathrada venait de décéder et sa famille refusa au chef de l’Etat de venir assister aux obsèques. Cet octogénaire fut l’une des grandes figures de l’ANC, compagnon de lutte ayant partagé pendant 26 ans les affres des geôles de Robben Islands avec Nelson Mandela. Le ban et l’arrière-ban de la lutte anti-apartheid, les personnalités morales du pays, la famille Mandela étaient tous rassemblés à Johannesburg pour un dernier hommage à uncle Kathy. Et lui «Jayzee», jeune combattant courageux de l’ANC, prisonnier avec les « anciens » pendant 10 ans, était le grand absent des funérailles. Comment peut-il en être autrement lorsqu’Ahmed Kathrada adressa une lettre de reniement à Jacob Zuma, en mars 2016 : « ne pensez-vous pas que votre maintien n’aura d’autre effet que d’aggraver la crise de confiance à l’égard des dirigeants du pays ? ». Il s’agissait de marquer son indignation à la suite de l’épilogue de l’affaire des dépenses somptueuses du chef de l’Etat, coupable à ses yeux de ne pas avoir démissionné.
L’Afrique du Sud en crise
Depuis pratiquement une décennie, le développement socio-économique de l’Afrique du Sud post-apartheid, peine à trouver un second souffle avec un taux de chômage endémique de plus de 27%. Et Jacob Zuma est-il le seul responsable ? La conjoncture actuelle cristallise les passions et les faits de corruption et de clientélisme ne font qu’exacerber les tensions sociales et les rivalités au sein de l’ANC. Depuis la crise financière mondiale de 2008, le modèle économique de la Nation Arc-en-Ciel est en panne et l’équipe dirigeante est incapable de tenir ses promesses : réduction des inégalités, accès pour le plus grand nombre aux services de base. Pourtant, que d’efforts ont été réalisés depuis près de 25 ans, en terme d’adduction d’eau, d’électrification, d’habitats : 7 millions de personnes ont accès à l’eau courante, 1,5 million de logements sociaux ont été construits, plus de 2 millions de foyers sont connectés au réseau électrique.
Le contrecoup de cette crise économique fait replonger une certaine frange de la classe populaire dans la misère. On ne compte plus les expulsions des locataires de logements sociaux insolvables ou qui sont dans l’incapacité de payer les factures d’eau et d’électricité. A la fin de l’année 2016, le taux de croissance annuelle de l’Afrique du Sud était de 0,5%. Une des principales raisons est la suivante : l’industrie agro-alimentaire, un des secteurs-clé de l’économie est toujours en crise. La bonne tenue du secteur minier (+5%) n’arrive pas à compenser une récession rampante. Le virage libéral amorcé en 1997, supposé favoriser les investissements ne permet plus de dégager des revenus destinés à la politique sociale. Ainsi faute de croissance soutenue, la politique de redistribution de revenus – fonds de commerce électoral de l’ANC - ne fonctionne plus. Et cela provoque encore plus d’inégalités : 25% de la population noire gagnent en moyenne 80 €uros/ mois contre 1% seulement chez les blancs. Ou encore, 60.000 fermiers blancs exploitent plus de 75% des terres arables alors que 14 millions de noirs restent cantonnés dans les bantoustans, un cache-misère rebaptisé homeland. L’Affirmative action et le Black Economic Empowerment, c’est-à-dire les mesures prises pour favoriser l’émergence d’une classe moyenne noire, ont produit un double effet : positifs mais aussi pervers. Une oligarchie noire issue des milieux d’affaires, des cadres de l’ANC et des syndicalistes affichent ostensiblement leur réussite face à une population déçue qui cherche maintenant un bouc-émissaire.
L’opposition, combien de divisions ?
Les scènes de pugilat des députés du parti radical les Combattants de la Liberté Economique (EFF) lors de séances à l’Assemblée Nationale sont certes spectaculaires. Pour autant, elles restent pour le moins inefficaces. L’ANC, malgré ses déboires électoraux, reste le premier parti majoritaire du pays. Les dernières législatives de 2014 furent une mauvaise performance pour l’ANC qui a perdu 4% - par rapport aux législatives précédentes - en ne réalisant que 62.15% des voix ; ce qui lui vaut encore aujourd’hui 249 sièges dans l’hémicycle. L’Alliance Démocratique (DA) est en nette progression avec désormais 89 députés. Petite révolution, l’année dernière, ce principal parti d’opposition – autrefois composé de minorité blanche - dirigé par Helen Zille, s’est choisi en 2015 un noir comme leader : Mmusi Maimane. Et enfin le EFF du dissident de l’ANC Julius Malema compte quelques 25 parlementaires et devient la troisième force politique du pays. Curieux parcours que celui de cet ANC-boy, président de la Ligue des jeunes ANC (ANCYL), biberonné par Winnie Mandela ! Engagé à l’âge de 9 ans au sein du parti, jamais pris au sérieux, il a gravi tous les échelons, s’est enrichi à 30 ans comme tous les apparatchiks du parti. Populaire avec un discours qui plaît au peuple pour ses diatribes anti-blancs, le thème de la jeunesse défavorisée et la pauvreté, il finit par être exclu du parti historique en 2012. Ce populiste au look révolutionnaire est devenu un farouche adversaire du président Jacob Zuma, qui s’est fait une idée fixe : le destituer ! Pourtant, il fut l’un de ses plus ardents défenseurs en 2008 lorsque Jayzee fut empêtré dans les affaires nauséabondes, Il était même « prêt à tuer pour lui et à mourir » pour contrer ceux qui tenteraient de barrer la route [de son idole]. Aujourd’hui, il joue crânement sa carte. Il a l’avenir pour lui car il est seulement âgé de 35 ans. Il espère un jour lancer une OPA sur l’ANC et devenir… président de la République. Le Mouvement de la Liberté du mois d’avril dernier n’était qu’un feu de paille. Il était formé des partis d’opposition, de la société civile et de figures de l’église anglicane. Leur but : exiger la démission de Jacob Zuma par une manifestation de rues le 27 avril, date-anniversaire des élections de 1994 c’est-à-dire le symbole de la fin de l’apartheid.
Pour l’instant, la bataille pour la succession et les manœuvres de destitution se passent au sein même de la grande famille de l’ANC. Pour accéder au pouvoir, Jacob Zuma s’est adossé sur la branche populaire de l’ANC, le Parti communiste Sud-Africain (SACP) et le puissant mouvement syndicaliste COSATU. Le dernier remaniement a mis au jour les dissensions au sein de cette coalition. Solly Mapaila, chef du SACP a ouvertement fait part de son objection ; comme d’ailleurs le vice-président Cyril Ramaphosa qui prend de plus en ses distances face à Jacob Zuma. Mais le putsch ourdi en novembre 2016 par les anti-Zuma au sein même du NEC (Comité National Exécutif) – le cœur nucléaire de l’ANC autrement dit l’instance suprême de décisions – est assez révélateur de l’impatience de ses adversaires. Profitant de l’absence des fidèles du chef de l’Etat, les membres de ce cénacle ont lancé une motion de censure contre lui. Une fuite dans la presse a fait rappliquer les fidèles qui ont étouffé dans l’œuf le coup d’Etat interne. Moralité : en vieux briscard de la politique, rompu aux logiques d’appareil, Jacob Zuma a pris ses précautions. Le NEC est verrouillé par les derniers carrés des fidèles. Il a su y placer ses hommes et ses femmes tels que la Secrétaire Générale Adjointe Jessie Duarte, la présidente de la Ligue des Femmes Bathabile Dlamini, les membres de la ligue des Vétérans, le président de l’ANCYL… Qui plus est, les assemblées provinciales – sorte de seigneurie - sont encore tenues par des personnalités qui ont été nommées par Jayzee.
Le contexte a évolué, la génération post-apartheid est maintenant en âge de voter. De nouveaux partis émergent mais sont pour l’instant que l’émanation de l’ANC. L’avenir de l’ANC, un doyen centenaire de mouvement anti-colonial du continent, devenu parti au pouvoir sans discontinuer depuis 1994, se joue dans les coulisses de l’ANC cette année 2017. Est-ce-que ce sont le camp des modérés des libéraux comme vice-président Cyril Ramaphosa qui l’emportera ou bien les gardiens du temple tels que Nkosazana Dlamini-Zuma, l’ancienne présidente de la Commission de l’Union Africaine. Elle est prête à défendre les thèmes populistes prônés par le chef de l’Etat : « une transformation radicale » de l’économie en faveur de la majorité noire. Rejouera-t-on le scénario de 2008 ? Une confrontation entre l’aile intellectuelle menée par le président Thabo Mbéki contre le choix populaire incarné par Jacob Zuma, le Zoulou le plus acclamé de l’ANC. Les deux camps se sont toisés sur fonds de chants et de danses comme « Umshini Wami » (Passe-moi ma mitraillette), chant de la lutte contre l'apartheid, devenu l’emblème de Jayzee !
Alex ZAKA
Paru dans le Diasporas-News n°85 de Mai 2017
Les scènes de pugilat des députés du parti radical les Combattants de la Liberté Economique (EFF) lors de séances à l’Assemblée Nationale sont certes spectaculaires. Pour autant, elles restent pour le moins inefficaces. L’ANC, malgré ses déboires électoraux, reste le premier parti majoritaire du pays. Les dernières législatives de 2014 furent une mauvaise performance pour l’ANC qui a perdu 4% - par rapport aux législatives précédentes - en ne réalisant que 62.15% des voix ; ce qui lui vaut encore aujourd’hui 249 sièges dans l’hémicycle. L’Alliance Démocratique (DA) est en nette progression avec désormais 89 députés. Petite révolution, l’année dernière, ce principal parti d’opposition – autrefois composé de minorité blanche - dirigé par Helen Zille, s’est choisi en 2015 un noir comme leader : Mmusi Maimane. Et enfin le EFF du dissident de l’ANC Julius Malema compte quelques 25 parlementaires et devient la troisième force politique du pays. Curieux parcours que celui de cet ANC-boy, président de la Ligue des jeunes ANC (ANCYL), biberonné par Winnie Mandela ! Engagé à l’âge de 9 ans au sein du parti, jamais pris au sérieux, il a gravi tous les échelons, s’est enrichi à 30 ans comme tous les apparatchiks du parti. Populaire avec un discours qui plaît au peuple pour ses diatribes anti-blancs, le thème de la jeunesse défavorisée et la pauvreté, il finit par être exclu du parti historique en 2012. Ce populiste au look révolutionnaire est devenu un farouche adversaire du président Jacob Zuma, qui s’est fait une idée fixe : le destituer ! Pourtant, il fut l’un de ses plus ardents défenseurs en 2008 lorsque Jayzee fut empêtré dans les affaires nauséabondes, Il était même « prêt à tuer pour lui et à mourir » pour contrer ceux qui tenteraient de barrer la route [de son idole]. Aujourd’hui, il joue crânement sa carte. Il a l’avenir pour lui car il est seulement âgé de 35 ans. Il espère un jour lancer une OPA sur l’ANC et devenir… président de la République. Le Mouvement de la Liberté du mois d’avril dernier n’était qu’un feu de paille. Il était formé des partis d’opposition, de la société civile et de figures de l’église anglicane. Leur but : exiger la démission de Jacob Zuma par une manifestation de rues le 27 avril, date-anniversaire des élections de 1994 c’est-à-dire le symbole de la fin de l’apartheid.
Pour l’instant, la bataille pour la succession et les manœuvres de destitution se passent au sein même de la grande famille de l’ANC. Pour accéder au pouvoir, Jacob Zuma s’est adossé sur la branche populaire de l’ANC, le Parti communiste Sud-Africain (SACP) et le puissant mouvement syndicaliste COSATU. Le dernier remaniement a mis au jour les dissensions au sein de cette coalition. Solly Mapaila, chef du SACP a ouvertement fait part de son objection ; comme d’ailleurs le vice-président Cyril Ramaphosa qui prend de plus en ses distances face à Jacob Zuma. Mais le putsch ourdi en novembre 2016 par les anti-Zuma au sein même du NEC (Comité National Exécutif) – le cœur nucléaire de l’ANC autrement dit l’instance suprême de décisions – est assez révélateur de l’impatience de ses adversaires. Profitant de l’absence des fidèles du chef de l’Etat, les membres de ce cénacle ont lancé une motion de censure contre lui. Une fuite dans la presse a fait rappliquer les fidèles qui ont étouffé dans l’œuf le coup d’Etat interne. Moralité : en vieux briscard de la politique, rompu aux logiques d’appareil, Jacob Zuma a pris ses précautions. Le NEC est verrouillé par les derniers carrés des fidèles. Il a su y placer ses hommes et ses femmes tels que la Secrétaire Générale Adjointe Jessie Duarte, la présidente de la Ligue des Femmes Bathabile Dlamini, les membres de la ligue des Vétérans, le président de l’ANCYL… Qui plus est, les assemblées provinciales – sorte de seigneurie - sont encore tenues par des personnalités qui ont été nommées par Jayzee.
Le contexte a évolué, la génération post-apartheid est maintenant en âge de voter. De nouveaux partis émergent mais sont pour l’instant que l’émanation de l’ANC. L’avenir de l’ANC, un doyen centenaire de mouvement anti-colonial du continent, devenu parti au pouvoir sans discontinuer depuis 1994, se joue dans les coulisses de l’ANC cette année 2017. Est-ce-que ce sont le camp des modérés des libéraux comme vice-président Cyril Ramaphosa qui l’emportera ou bien les gardiens du temple tels que Nkosazana Dlamini-Zuma, l’ancienne présidente de la Commission de l’Union Africaine. Elle est prête à défendre les thèmes populistes prônés par le chef de l’Etat : « une transformation radicale » de l’économie en faveur de la majorité noire. Rejouera-t-on le scénario de 2008 ? Une confrontation entre l’aile intellectuelle menée par le président Thabo Mbéki contre le choix populaire incarné par Jacob Zuma, le Zoulou le plus acclamé de l’ANC. Les deux camps se sont toisés sur fonds de chants et de danses comme « Umshini Wami » (Passe-moi ma mitraillette), chant de la lutte contre l'apartheid, devenu l’emblème de Jayzee !
Alex ZAKA
Paru dans le Diasporas-News n°85 de Mai 2017