L’association Tamtam Afrique est une association des ressortissants de la République Démocratique du Congo(RDC) créée en 2007 dirigée par le Docteur Suzanne Mbiyie Diku, Gynéco obstétricienne à Rome qui en assure la présidence. Dans cet entretien, elle nous parle de son association et aborde la situation politique actuelle dans son pays d’origine.
![Le Docteur Suzanne Mbiyie Diku, présidente de l’association Tamtam Afrique de la république Congolaise en Italie parle de la situation des femmes et de la politique dans son pays]( "Le Docteur Suzanne Mbiyie Diku, présidente de l’association Tamtam Afrique de la république Congolaise en Italie parle de la situation des femmes et de la politique dans son pays")
Diasporas-News : Docteur Suzanne Mbiyie Diku, pouvez-vous, nous présenter votre association, et dire dans quel domaine vous intervenez ?
Docteur Suzanne Mbiyie Diku : Notre association, Tamtam Afrique est née depuis neuf ans. C’est une association pour la promotion de l'intégration par le biais de la culture, la défense de la dignité et des droits de tous et en particulier des femmes, la responsabilisation des femmes, la transmission de notre culture à nos enfants, la promotion de la paix.
D-N : Votre association lutte pour la dignité et des droits, au regard de ce qui se passe aujourd’hui en RDC, que pouvez-vous nous dire sur la situation actuelle, et que comptez-vous mener comme action ?
Docteur S.M.D : Depuis 20 ans ou plus, il a été mis sur pied un projet ayant pour but le démantèlement de la RDC et la destruction de sa population, qui a porté à plus de 8 millions de morts et le déplacement de la population. Après cette phase historique, le peuple congolais veut reprendre en main sa destinée et écrire son histoire future. Il s'avère que le pouvoir en place ne lui reconnaît pas ce droit et veut étouffer toute tentative de manifestation du mécontentement populaire. Le peuple du pays le plus riche en ressources du monde croupit dans la misère la plus totale. Il n'existe plus le droit à l'instruction car l'école est payante, même le primaire. Il n'y a plus le droit à la santé. Le droit à la vie n'est pas garanti. On trouve des fausses communes partout avec plusieurs disparitions de personnes. Le viol comme arme de guerre a trouvé son expression la plus haute en RDC, et les media sont muselés, les opposants politiques sont emprisonnés.
Le peuple congolais, pacifique, a attendu la fin du second et dernier mandat présidentiel pour espérer un changement. Mais le pouvoir en place, en violation de la constitution, veut tenter le glissement par le biais d'un dialogue contesté et non légitime.
Maintenant la répression a déjà commencé. Le 19 décembre 2016 il y a un risque d’affrontement dangereux et destructif. Voilà pourquoi il faut intervenir maintenant.
Comme action à mener, nous voudrions interpeler le gouvernement italien pour lui demander de s'impliquer dans la solution de cette crise politique car il ne convient à personne d'avoir d'autres réfugiés aux portes de l'Europe. Le gouvernement italien dispose d'un instrument nouveau, l'Africa Act, à travers lequel il est possible d'agir et bien, dans le respect des droits humains.
D-N: C’est une situation vraiment préoccupante, avez-vous un appel à lancer ?
Docteur S.M.D : Frantz Fanon (psychiatre et philosophe Français, d’origine Martiniquaise) disait que "L'Afrique a la forme d'un révolver dont la gâchette se trouve au Congo" et nous nous disons que la RDC c'est l'Afrique. Tout ce qui se passera là aura un grand impact sur tout le continent. L'Afrique doit faire face au terrorisme, il ne lui convient pas de laisser éclater un autre foyer de conflit.
L'argent du sang ne porte aucun bonheur, tout au plus il permet d'accumuler des "choses".
Notre peuple, qui a toujours accueilli tous ceux qui ont frappé à sa porte, a pour crime d'être l'héritier de sa propre richesse et pour cela il est tué et dépossédé.
Nous appelons chaque Africain et l'Afrique entière à assumer sa responsabilité historique, à faire respecter les constitutions que les peuples se sont donnés, à défendre la vie et les droits des personnes, à bâtir la paix et non l'étouffement des contestations. Le monde nous regarde et il nous respectera si nous nous respectons nous-mêmes.
Nous appelons l'Occident à bâtir ses relations avec le monde et en particulier avec l'Afrique sur la base d'un vrai partenariat, dans le respect réciproque et dans la défense universelle des vraies valeurs (la vie, la dignité, le respect...)
Nous appelons l'Eglise à proclamer haut et fort la Vérité de la Parole de Dieu et seulement celle-là, dans l'intérêt du peuple de Dieu et de sa création.
Nous appelons l'Italie à s'impliquer de façon significative pour donner sa contribution à la solution de la crise congolaise, comme toutes les crises surtout du sud, et elle ne doit pas oublier qu'elle est une des portes de l'Europe.
Compte rendu René Kouamé (Italie)
Paru dans le Diasporas-News n°80 Décembre 2016
Docteur Suzanne Mbiyie Diku : Notre association, Tamtam Afrique est née depuis neuf ans. C’est une association pour la promotion de l'intégration par le biais de la culture, la défense de la dignité et des droits de tous et en particulier des femmes, la responsabilisation des femmes, la transmission de notre culture à nos enfants, la promotion de la paix.
D-N : Votre association lutte pour la dignité et des droits, au regard de ce qui se passe aujourd’hui en RDC, que pouvez-vous nous dire sur la situation actuelle, et que comptez-vous mener comme action ?
Docteur S.M.D : Depuis 20 ans ou plus, il a été mis sur pied un projet ayant pour but le démantèlement de la RDC et la destruction de sa population, qui a porté à plus de 8 millions de morts et le déplacement de la population. Après cette phase historique, le peuple congolais veut reprendre en main sa destinée et écrire son histoire future. Il s'avère que le pouvoir en place ne lui reconnaît pas ce droit et veut étouffer toute tentative de manifestation du mécontentement populaire. Le peuple du pays le plus riche en ressources du monde croupit dans la misère la plus totale. Il n'existe plus le droit à l'instruction car l'école est payante, même le primaire. Il n'y a plus le droit à la santé. Le droit à la vie n'est pas garanti. On trouve des fausses communes partout avec plusieurs disparitions de personnes. Le viol comme arme de guerre a trouvé son expression la plus haute en RDC, et les media sont muselés, les opposants politiques sont emprisonnés.
Le peuple congolais, pacifique, a attendu la fin du second et dernier mandat présidentiel pour espérer un changement. Mais le pouvoir en place, en violation de la constitution, veut tenter le glissement par le biais d'un dialogue contesté et non légitime.
Maintenant la répression a déjà commencé. Le 19 décembre 2016 il y a un risque d’affrontement dangereux et destructif. Voilà pourquoi il faut intervenir maintenant.
Comme action à mener, nous voudrions interpeler le gouvernement italien pour lui demander de s'impliquer dans la solution de cette crise politique car il ne convient à personne d'avoir d'autres réfugiés aux portes de l'Europe. Le gouvernement italien dispose d'un instrument nouveau, l'Africa Act, à travers lequel il est possible d'agir et bien, dans le respect des droits humains.
D-N: C’est une situation vraiment préoccupante, avez-vous un appel à lancer ?
Docteur S.M.D : Frantz Fanon (psychiatre et philosophe Français, d’origine Martiniquaise) disait que "L'Afrique a la forme d'un révolver dont la gâchette se trouve au Congo" et nous nous disons que la RDC c'est l'Afrique. Tout ce qui se passera là aura un grand impact sur tout le continent. L'Afrique doit faire face au terrorisme, il ne lui convient pas de laisser éclater un autre foyer de conflit.
L'argent du sang ne porte aucun bonheur, tout au plus il permet d'accumuler des "choses".
Notre peuple, qui a toujours accueilli tous ceux qui ont frappé à sa porte, a pour crime d'être l'héritier de sa propre richesse et pour cela il est tué et dépossédé.
Nous appelons chaque Africain et l'Afrique entière à assumer sa responsabilité historique, à faire respecter les constitutions que les peuples se sont donnés, à défendre la vie et les droits des personnes, à bâtir la paix et non l'étouffement des contestations. Le monde nous regarde et il nous respectera si nous nous respectons nous-mêmes.
Nous appelons l'Occident à bâtir ses relations avec le monde et en particulier avec l'Afrique sur la base d'un vrai partenariat, dans le respect réciproque et dans la défense universelle des vraies valeurs (la vie, la dignité, le respect...)
Nous appelons l'Eglise à proclamer haut et fort la Vérité de la Parole de Dieu et seulement celle-là, dans l'intérêt du peuple de Dieu et de sa création.
Nous appelons l'Italie à s'impliquer de façon significative pour donner sa contribution à la solution de la crise congolaise, comme toutes les crises surtout du sud, et elle ne doit pas oublier qu'elle est une des portes de l'Europe.
Compte rendu René Kouamé (Italie)
Paru dans le Diasporas-News n°80 Décembre 2016