Les Rwandais se prononceront le 18 décembre par référendum sur une révision constitutionnelle qui permettra au président Paul Kagame de se représenter en 2017 et de potentiellement diriger le pays jusqu'en 2034.
Le Conseil des ministres a fixé au 18 décembre ce référendum devant entériner la révision constitutionnelle adoptée le 17 novembre par le Parlement. Les Rwandais se trouvant à l'étranger - dont quelque 28.500 sont inscrits sur les listes électorales - voteront la veille, selon un communiqué officiel reçu mercredi.
Si la révision porte sur plus de 175 dispositions de la Constitution de 2003, le véritable enjeu concerne deux articles - 101 et 172 - ayant trait au mandat présidentiel, jusqu'ici limité à deux septennats.
Le nouvel article 101 abaisse de sept à cinq ans la durée du mandat présidentiel, dont le nombre continue d'être limité à deux.
Mais le nouvel article 172 précise dans le même temps que cette réforme n'entrera en vigueur qu'à l'issue d'un nouveau septennat transitoire entre 2017 et 2024, pour lequel le président actuellement en exercice reste éligible, de même qu'ensuite pour les deux quinquennats du nouvel article 101. Ce qui autorise potentiellement M. Kagame, 58 ans, à se maintenir au pouvoir 17 ans supplémentaires.
Elu chef de l'Etat en 2003 et réélu en 2010, à chaque fois avec plus de 90% des voix, M. Kagame est l'homme fort du Rwanda depuis que sa rébellion du Front patriotique rwandais (FPR) a chassé du pouvoir le régime extrémiste hutu en juillet 1994, et mis fin au génocide déclenché contre la minorité tutsi trois mois plus tôt et qui fit quelque 800.000 morts.
Le président a assuré dimanche, devant le bureau politique du FPR, désormais hégémonique parti au pouvoir, que sa décision de se représenter ou non dépendrait du résultat du référendum.
- 'Personne n'est indispensable' -
Il fait peu de doute que la population se prononcera massivement lors du référendum en faveur de la réforme. Celle-ci est quasi-unanimement soutenue par les partis politiques autorisés au Rwanda et présentée dès l'origine par le pouvoir rwandais comme le fruit d'une initiative populaire, 3,7 millions de Rwandais ayant signé des pétitions à travers le pays pour demander un maintien au pouvoir de M. Kagame.
Mais de nombreux observateurs doutent de la spontanéité de l'initiative et y voient une manœuvre orchestrée par les autorités, dans un pays régulièrement épinglé pour ses atteintes à la liberté d'expression et son peu d'ouverture politique.
La révision constitutionnelle suscite de nombreuses critiques chez les partenaires du Rwanda, Etats-Unis en tête.
Washington, ancien fidèle allié de Paul Kagame, avait indiqué dès l'adoption de la réforme que son maintien au pouvoir pourrait "avoir des conséquences sur (ses) relations " avec le Rwanda, et a de nouveau appelé la semaine dernière M. Kagame à ne pas se représenter en 2017, estimant que "personne n'est indispensable".
L'Union européenne, jusque là plus mesurée, a mis en doute début décembre la "crédibilité" d'une réforme constitutionnelle menée dans l'intérêt d'un "individu seulement".
Des propos qui ont eu le don d'irriter M. Kagame, toujours sourcilleux quand il s'agit de l'indépendance de son pays.
Les partenaires extérieurs "nous disent que nous devrions avoir le droit de faire nos propres choix, mais nos propres choix sont ensuite définis comme des +manœuvres+" quand ils "ne correspondent pas aux voeux d'autres nations", a déclaré le président rwandais devant le bureau politique du FPR.
Cette révision constitutionnelle intervient alors que plusieurs dirigeants africains ont récemment levé, ou tenté de lever, les limitations constitutionnelles du nombre de mandats, parfois au prix de mouvements de contestations.
A Burundi voisin, le président Pierre Nkurunziza, aidé par une décision controversée de la Cour constitutionnelle, a plongé son pays dans une crise émaillée de violences en se faisant élire en juillet pour un troisième mandat, interdit selon ses adversaires par la Constitution.
Au Burkina Faso, Blaise Compaoré, président depuis 27 ans, a été chassé du pouvoir par la rue fin octobre 2014, après avoir tenté de réviser la Constitution pour pouvoir briguer un nouveau mandat.
Au Congo, malgré un début de contestation populaire, le président Denis Sassou Nguesso a promulgué début novembre la nouvelle Constitution levant les deux verrous à un nouveau mandat.
Si la révision porte sur plus de 175 dispositions de la Constitution de 2003, le véritable enjeu concerne deux articles - 101 et 172 - ayant trait au mandat présidentiel, jusqu'ici limité à deux septennats.
Le nouvel article 101 abaisse de sept à cinq ans la durée du mandat présidentiel, dont le nombre continue d'être limité à deux.
Mais le nouvel article 172 précise dans le même temps que cette réforme n'entrera en vigueur qu'à l'issue d'un nouveau septennat transitoire entre 2017 et 2024, pour lequel le président actuellement en exercice reste éligible, de même qu'ensuite pour les deux quinquennats du nouvel article 101. Ce qui autorise potentiellement M. Kagame, 58 ans, à se maintenir au pouvoir 17 ans supplémentaires.
Elu chef de l'Etat en 2003 et réélu en 2010, à chaque fois avec plus de 90% des voix, M. Kagame est l'homme fort du Rwanda depuis que sa rébellion du Front patriotique rwandais (FPR) a chassé du pouvoir le régime extrémiste hutu en juillet 1994, et mis fin au génocide déclenché contre la minorité tutsi trois mois plus tôt et qui fit quelque 800.000 morts.
Le président a assuré dimanche, devant le bureau politique du FPR, désormais hégémonique parti au pouvoir, que sa décision de se représenter ou non dépendrait du résultat du référendum.
- 'Personne n'est indispensable' -
Il fait peu de doute que la population se prononcera massivement lors du référendum en faveur de la réforme. Celle-ci est quasi-unanimement soutenue par les partis politiques autorisés au Rwanda et présentée dès l'origine par le pouvoir rwandais comme le fruit d'une initiative populaire, 3,7 millions de Rwandais ayant signé des pétitions à travers le pays pour demander un maintien au pouvoir de M. Kagame.
Mais de nombreux observateurs doutent de la spontanéité de l'initiative et y voient une manœuvre orchestrée par les autorités, dans un pays régulièrement épinglé pour ses atteintes à la liberté d'expression et son peu d'ouverture politique.
La révision constitutionnelle suscite de nombreuses critiques chez les partenaires du Rwanda, Etats-Unis en tête.
Washington, ancien fidèle allié de Paul Kagame, avait indiqué dès l'adoption de la réforme que son maintien au pouvoir pourrait "avoir des conséquences sur (ses) relations " avec le Rwanda, et a de nouveau appelé la semaine dernière M. Kagame à ne pas se représenter en 2017, estimant que "personne n'est indispensable".
L'Union européenne, jusque là plus mesurée, a mis en doute début décembre la "crédibilité" d'une réforme constitutionnelle menée dans l'intérêt d'un "individu seulement".
Des propos qui ont eu le don d'irriter M. Kagame, toujours sourcilleux quand il s'agit de l'indépendance de son pays.
Les partenaires extérieurs "nous disent que nous devrions avoir le droit de faire nos propres choix, mais nos propres choix sont ensuite définis comme des +manœuvres+" quand ils "ne correspondent pas aux voeux d'autres nations", a déclaré le président rwandais devant le bureau politique du FPR.
Cette révision constitutionnelle intervient alors que plusieurs dirigeants africains ont récemment levé, ou tenté de lever, les limitations constitutionnelles du nombre de mandats, parfois au prix de mouvements de contestations.
A Burundi voisin, le président Pierre Nkurunziza, aidé par une décision controversée de la Cour constitutionnelle, a plongé son pays dans une crise émaillée de violences en se faisant élire en juillet pour un troisième mandat, interdit selon ses adversaires par la Constitution.
Au Burkina Faso, Blaise Compaoré, président depuis 27 ans, a été chassé du pouvoir par la rue fin octobre 2014, après avoir tenté de réviser la Constitution pour pouvoir briguer un nouveau mandat.
Au Congo, malgré un début de contestation populaire, le président Denis Sassou Nguesso a promulgué début novembre la nouvelle Constitution levant les deux verrous à un nouveau mandat.